International

Etats-Unis : les Républicains parviennent à élire le président de la Chambre des représentants

Après un blocage historique dû aux désaccords entre les élus Républicains, c'est finalement l'élu californien Kevin McCarthy qui a fini par l’emporter. Il succède à Nancy Pelosy à la présidence de la Chambre des représentants.

La quinzième fut la bonne. Après quatre jours et trois nuits d'une pagaille inédite depuis 1859 au Congrès, Kevin McCarthy a finalement accédé dans la nuit du 6 au 7 janvier au perchoir de la Chambre des représentants du Congrès des Etats-Unis. Une désignation décrochée au quinzième tour de scrutin, à l’issue d’un processus laborieux marqué par de très vives tensions entre républicains.

Le groupe de trumpistes, qui paralysait la nomination du quinquagénaire de Californie, a finalement cédé. Mais les scènes de chaos qui ont marqué l'hémicycle - les cris, le brouhaha, les doigts pointés - préfigurent des débats très agités au Congrès durant les deux prochaines années.

Au menu dans les tout prochains mois, des négociations sur le relèvement du plafond de la dette publique américaine, le financement de l'Etat fédéral et, potentiellement, sur le déblocage d'enveloppes supplémentaires pour la guerre en Ukraine. En félicitant Kevin McCarthy au milieu de la nuit, Joe Biden l'a d'ailleurs immédiatement appelé à «gouverner de manière responsable et dans l'intérêt des Américains».

«Il est temps d'exercer un contrôle sur la politique du président»

Faute de contrôler les deux chambres - ce qui était le cas depuis son investiture en janvier 2021, bien qu'avec une très mince majorité au Sénat - le président américain ne peut plus espérer faire passer de législations majeures. Enterrées, par conséquent, ses grandes promesses d'une loi fédérale consacrant le droit à l'avortement, d'une interdiction des fusils d'assaut, ou d'une vaste réforme électorale pour protéger l'accès des minorités au vote.

Mais avec un Sénat aux mains des démocrates, les Républicains ne pourront pas non plus détricoter les mesures adoptées sous Joe Biden auxquelles ils avaient promis de s'attaquer. Avec leur nouveau contrôle de la Chambre, les républicains ont toutefois promis de lancer une kyrielle d'investigations sur la gestion par Joe Biden de la pandémie ou du retrait d'Afghanistan. «Il est temps d'exercer un contrôle sur la politique du président», a lancé Kevin McCarthy depuis l'hémicycle, juste après avoir prêté serment et remplacé la démocrate Nancy Pelosi à ce poste.

Le «speaker» le plus faible jamais élu depuis la guerre de Sécession?

Mais après avoir étalé leurs divisions au grand jour, leurs enquêtes auront-elles le même écho? Faire face à une Chambre hostile, mais désordonnée pourrait se révéler être une aubaine politique pour Joe Biden, s'il confirme son intention de se représenter en 2024. Une décision qu'il doit annoncer en début d'année. Le blocage orchestré par un groupe de trumpistes est «humiliant», juge le politologue Larry Sabato, estimant que Kevin McCarthy est le «speaker» le plus faible jamais élu depuis la guerre de Sécession.

Toute la semaine durant, ce noyau dur d'élus conservateurs, qui accuse Kevin McCarthy de se plier aux intérêts de l'establishment de Washington, a profité de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour jouer les trouble-fête.

Donald Trump serait intervenu pour calmer ses fidèles

Ils n'ont fait retomber la pression qu'après avoir obtenu des garanties de taille, dont une procédure visant justement à faciliter l'éviction du «speaker». Mais pas sans un dernier baroud d'honneur. Quatre élus ont fait durer le suspense jusqu'au bout de la nuit vendredi, semant la zizanie dans l'hémicycle. C'est finalement une intervention de Donald Trump qui aurait permis de faire rentrer ces trublions dans le rang.

Kevin McCarthy a confirmé lors d'une conférence de presse samedi que l'ancien président avait joué un rôle décisif pour «décrocher les derniers votes» nécessaires à son élection. L'occasion pour le parti de Joe Biden de dénoncer la mainmise de Donald Trump et de son entourage sur le parti républicain, deux ans jour pour jour après l'assaut du Capitole, qui avait provoqué un autre type de chaos au Congrès américain.