L'opération qui a abouti le 5 janvier au Mexique à l'arrestation d'Ovidio Guzman, l'un des fils du baron de la drogue Joaquin «El Chapo» Guzman emprisonné aux Etats-Unis, a fait 10 morts parmi les militaires engagés et 19 parmi les criminels présumés, a annoncé le gouvernement.
«Dix militaires [...] ont malheureusement perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions», a déclaré à la presse le secrétaire à la Défense Luis Cresencio Sandoval, en ajoutant qu'il y avait également eu «19 morts» parmi les criminels présumés.
Trente-cinq autres militaires ont été blessés par balle, tandis que 21 personnes ont été arrêtées lors de cette opération menée à Culiacan, dans la capitale de l'Etat de Sinaloa, au cours de laquelle d'intenses échanges de tirs se sont produits.
Un haut gradé de l'armée figure parmi les victimes, a indiqué le secrétaire mexicain de la Défense. Ovidio Guzman est accusé de diriger la «faction Los Menores, liée au cartel du Pacifique», autre nom du cartel de Sinaloa, a annoncé le secrétaire à la Défense Luis Cresencio Sandoval.
Ce cartel a été fondé il y a quatre décennies par «El Chapo», emprisonné à vie aux Etats-Unis. Cette arrestation intervient trois jours avant l'arrivée au Mexique du président américain Joe Biden. Les Etats-Unis offraient cinq millions de dollars pour la capture des fils de Joaquin «El Chapo» Guzman.
Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a nié que cette arrestation soit un geste de son gouvernement à l'égard de Washington et exclu toute extradition «express» d'«El Raton».
Des scènes d'affrontements entre cartels et la police
Le narcotrafiquant présumé de 32 ans a été transféré à bord d'un avion de l'armée de l'Air jusqu'à Mexico, où il a d'abord été entendu par le parquet.
Des images diffusées par des médias locaux montre Guzman, barbu et vêtu d'un gilet orange, monter ensuite à bord d'un hélicoptère en direction de la prison d'El Altiplano, d'où son père s'était évadé en 2015.
Selon plusieurs médias mexicains, citant des sources fédérales, un autre chef du cartel de Sinaloa a été arrêté.
A Culiacan, d'intenses échanges de tirs entre forces de sécurité et hommes armés ont suivi l'arrestation et plusieurs véhicules ont été incendiés. Des tirs ont notamment eu lieu à l'aéroport de la ville, où les vols ont été suspendus. Un avion de ligne et un appareil militaire ont été touchés par des balles, ont indiqué la compagnie Aeromexico et le gouvernement.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des passagers se recroqueviller pour échapper aux balles, et des travailleurs aéroportuaires se cacher derrière leurs comptoirs.
Ovidio Guzman est le membre le plus connu du clan de «Los Chapitos» qui comprend aussi ses trois frères Joaquin, Ivan Archivaldo et Jesus Alfredo, également impliqués dans le trafic de drogue, selon les autorités mexicaines. Ovidio Guzman est recherché par les autorités américaines pour trafic de cocaïne, de méthamphétamine et de marijuana aux Etats-Unis.
«El Raton», à la tête d'un empire de la drogue
Le département d'Etat américain affirme qu'il est entré dans le narcotrafic après la mort par balles de son frère Edgar en 2008 à Culiacan. Avec son autre frère Joaquin, ils ont alors commencé à acheter de la marijuana au Mexique, de la cocaïne en Colombie et de l'éphédrine en Argentine pour produire de la méthamphétamine.
Selon les autorités américaines, «El Raton» a la main sur plusieurs laboratoires clandestins qui produisent entre 1 360 et 2 200 kilogrammes de méthamphétamine par mois.
Ces différentes drogues «sont vendues à d'autres membres du cartel et à des distributeurs aux Etats-Unis et au Canada», selon un rapport du Département d'Etat. Le cartel de Sinaloa est considéré par l'Agence américaine antidrogue comme le principal responsable du trafic de fentanyl, un analgésique opioïde 50 fois plus puissant que l'héroïne, qui a causé de nombreux décès par overdose aux Etats-Unis.
«D'autres informations indiquent qu'Ovidio a ordonné l'assassinat d'informateurs, d'un trafiquant de drogue et d'un chanteur célèbre qui a refusé de chanter à son mariage», ajoute le rapport. En octobre 2019, Ovidio Guzman avait été brièvement arrêté, puis relâché sur ordre du président Andrés Manuel Lopez Obrador après un violent soulèvement à Culiacan consécutif à son arrestation. Le président s'était justifié de cette décision critiquée, arguant qu'un bain de sang avait été évité.
Une autre opération policière a été menée le 5 janvier à Ciudad Juarez, dans le nord du Mexique, au cours de laquelle le chef d'un gang allié au cartel de Juarez dans sa guerre contre celui de Sinaloa a été tué.
Ce dernier, Ernesto Piñon, alias «El Neto», s'était évadé le 1er janvier avec 24 autres prisonniers d'une prison de la ville lors d'une attaque armée contre l'établissement pénitentiaire qui a fait 19 morts, dont dix gardiens.