Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahu a présenté dans la matinée du 29 décembre son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue en après-midi d'un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement et de sa prestation de serment.
Le retour de Benjamin Netanyahu a été salué par le président russe Vladimir Poutine tandis que le président américain Joe Biden a qualifié le Premier ministre nouvellement investi d'«ami depuis des décennies».
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a critiqué la neutralité observée par Israël vis-à-vis de la Russie, a souhaité à Benjamin Netanyahu «du succès sur la voie de la prospérité et de la sécurité».
«Nous avons quatre missions principales: contrecarrer les efforts de l'Iran pour se doter d'un arsenal nucléaire, ramener la sécurité et la souveraineté à l'intérieur d'Israël, lutter contre la cherté de la vie et des logements, et élargir le cercle de la paix», en normalisant les relations avec d'autres pays arabes, a déclaré en soirée Netanyahu lors de son premier Conseil des ministres.
«Nous sommes un gouvernement uni, partageant les mêmes objectifs et la même vision alors maintenant: en avant et au travail!», a-t-il ajouté lors de cette réunion, tout sourire aux côtés de ses alliés politiques.
Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s'alliant avec des partis ultra-orthodoxes et nationalistes.
Une coalition de droite
Sa coalition comprend notamment les formations «Sionisme religieux» de Bezalel Smotrich et «Force juive» d'Itamar Ben Gvir, connus pour leurs propos anti-palestiniens et leurs positions favorables à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie, et «Noam» d'Avi Maoz, opposé au mouvement LGBT.
Dans ce nouveau gouvernement, Smotrich et Ben Gvir sont respectivement en charge des colonies en Cisjordanie et de la police israélienne, dont des unités opèrent aussi dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.
En dépit de la présence de ce parti dans le gouvernement, les députés ont élu Amir Ohana comme président du Parlement, une première pour un député ouvertement homosexuel dans ce pays.
Premières oppositions
Plusieurs de personnes, dont plusieurs arborant le drapeau arc-en-ciel ou faisant état de sympathies à l'égard des Palestiniens, manifestaient le 29 décembre devant le Parlement contre le nouveau gouvernement.
L'ambassadeur d'Israël en France, Madame Yael German, une proche du Premier ministre sortant Yaïr Lapid, a remis le 29 décembre sa démission, disant que le programme du gouvernement était contraire «à ma conscience, à ma vision du monde et aux principes de la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël».
La crainte de nouvelles explosions
Dans la foulée de la dernière guerre Hamas/Israël à Gaza en mai 2021 et des violences récentes en Cisjordanie, les plus graves depuis la fin de la Seconde intifada (2000 à 2005), la crainte d'une escalade militaire avec les Palestiniens est bien présente.
«Il y a de nombreuses lignes rouges: Al-Aqsa, l'annexion [de la Cisjordanie], le statut des prisonniers palestiniens (en Israël) ... Si Ben Gvir, à titre de ministre se rend à Al-Aqsa, ce sera une grande ligne rouge de franchie et cela mènera à une explosion», confie à l'AFP Basem Naim, haut responsable politique du Hamas.
Ben Gvir s'est déjà rendu ces derniers mois sur l'esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), lieu saint au cœur des tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est.
En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s'y rendre mais pas y prier, mais la visite d'un ministre israélien en fonction sur ce site serait perçue comme de la provocation parmi les Palestiniens.
«Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité», s'est inquiété le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz.
«Ce nouveau gouvernement d'extrême droite ne nous effraie pas», a affirmé le 29 décembre le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, lors d'un rassemblement réunissant des milliers de personnes à Ramallah pour marquer l'anniversaire du Fatah, le parti laïc au pouvoir en Cisjordanie. Et d'ajouter: «nous allons rester debout jusqu'à la victoire et l'établissement d'un Etat palestinien».