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Lula nomme de nombreux ministres et critique le mandat «irresponsable» de Bolsonaro

Prélude à son entrée en fonction le 1er janvier prochain, le président brésilien élu Lula a procédé à la nomination de 16 ministres, portant leur nombre à 21 sur les 37 qui composeront son gouvernement. Lula a par ailleurs critiqué son prédécesseur.

Le président élu Lula a estimé le 22 décembre qu'il allait hériter, au 1er janvier, d'un Brésil «en situation de pénurie» après quatre années de mandat de Jair Bolsonaro, en annonçant 16 nominations de ministres de son futur gouvernement. «Nous héritons d'un pays en situation de pénurie, dans lequel les choses les plus simples n'ont pas été faites, de manière irresponsable, parce que le président préférait mentir plutôt que gouverner», a déclaré le chef d'Etat élu de gauche.

Geraldo Alckmin, vice-président élu, qui a reçu le 22 décembre le portefeuille de ministre de l'Industrie et du Commerce, a dénoncé un «démantèlement de l'Etat brésilien» et estimé que Lula avait devant lui une «tâche herculéenne». Il a notamment évoqué «un énorme retour en arrière» dans l'éducation, avec une hausse de la déscolarisation, et dans la santé, évoquant la chute des vaccinations et les morts des suites du Covid-19 (plus de 650 000 décès). 

Présentant le résultat des travaux des groupes chargés de la transition qu'il a coordonnés, Geraldo Alckmin a mentionné également «une baisse de près de 90% des ressources pour la culture», et, en ce qui concerne l'environnement, «une hausse de 59% de la déforestation de l'Amazonie» sous le mandat de Jair Bolsonaro.

21 ministres déjà nommés sur 37

Luiz Inacio Lula da Silva, qui a déjà effectué deux mandats à la tête de la première puissance économique d'Amérique latine (2003-2010), a nommé 16 ministres d'un gouvernement qui en comptera 37 – contre 23 sous Bolsonaro – et parmi eux plusieurs femmes. Elles sont déjà six sur les 21 ministres déjà nommés, soit 29%. De même, quatre des ministres nommés le 22 décembre sont afro-descendants.

Nisia Trindade, présidente de l'institut Fiocruz qui a joué un rôle crucial contre le Covid, a été nommée ministre de la Santé. Le ministère de la Femme a échu à Cida Gonçalves, ancienne membre des gouvernements de Lula puis de Dilma Rousseff (2011-2016). Anielle Franco, sœur de la conseillère municipale noire et activiste Marielle Franco, assassinée en 2018, a été nommée ministre de l'Egalité raciale. La chanteuse Margareth Menezes a été confirmée à la tête du ministère de la Culture, qui avait disparu sous Bolsonaro.

Beaucoup de ministres sont des hauts cadres du Parti des Travailleurs (PT) de Lula, tels Camilo Santana à l'Education ou Wellington Dias au Développement social. Ce puissant ministère est chargé de la «Bolsa Familia», une allocation versée aux plus démunis. La sénatrice de centre droit Simone Tebet, révélation de la présidentielle à laquelle elle est arrivée en 3e position au 1er tour avant de se rallier à Lula, voit ainsi lui échapper ce portefeuille qu'elle convoitait, selon les médias. Elle reste sans ministère, de même que l'écologiste Marina Silva, qui s'était ralliée à Lula pour le second tour.

Lula n'a pas encore choisi ses ministres de l'Environnement ni des Peuples autochtones (une innovation) alors que se poursuivent les difficiles tractations entre le PT et ses alliés, à dix jours de son investiture. Ces deux dernières semaines, il a annoncé ceux des Relations extérieures (Mauro Vieira), de la Justice (Flavio Dino), des Finances (Fernando Haddad), et de la Casa civil, sorte de chef de cabinet (Rui Costa).