«Nous devons faire de notre mieux, tous ensemble, pour essayer de préserver la paix. Nous sommes vraiment au bord du conflit armé à cause des mesures unilatérales» des autorités de Pristina, a déclaré ce 21 décembre le Premier ministre serbe Ana Brnabic concernant la situation au Kosovo lors d'une conférence avec des ONG serbes.
Peuplée très majoritairement d'Albanais, la région qui compte 1,8 million d'habitants a proclamé unilatéralement son indépendance en 2008. Celle-ci est reconnue par les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux, mais pas par la Serbie, la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Espagne.
Au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l'ensemble de ce territoire, les manifestations en soutien aux Serbes du Kosovo et pour que l'Etat restaure toutes ses compétences et son autorité dans la région se multiplient à Belgrade.
Depuis le 10 décembre, plusieurs centaines de Serbes qui vivent dans le nord du Kosovo tiennent des barrages pour protester contre l'arrestation d'un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie. Quelques heures après la mise en place des barricades, la police de Pristina avait annoncé avoir essuyé trois attaques par arme à feu. La police de l'Union européenne, déployée dans la région dans le cadre de la mission Eulex, a été visée aussi par une grenade assourdissante qui n'a pas fait de blessés.
La demande de Belgrade d'y déployer des militaires restée sans réponse
Ces dernières tensions sont remontées d'un cran dans le nord du pays, où vivent plus d'un tiers des 120 000 Serbes du Kosovo, lorsque Pristina a annoncé son intention d'y organiser des élections dans des municipalités à majorité serbe, après la démission de tous les élus et policiers serbes dans cette zone. Les élections ont finalement été repoussées au mois d'avril.
La force de maintien de la paix au Kosovo (Kfor), dirigée par l'OTAN, a renforcé sa présence dans le nord du pays, en y envoyant des troupes et des patrouilles supplémentaires, avait déclaré le 16 décembre le commandant de cette force, le général italien Angelo Michele Ristuccia, dans une déclaration publiée par l'OTAN. Il a assuré que la Kfor disposait «de toutes les capacités, y compris en termes de personnel, pour assurer un environnement sûr et sécurisé et la liberté de mouvement de toutes les communautés, partout au Kosovo».
De son côté, la Serbie a réclamé à la Kfor de lui permettre de déployer ses militaires et policiers dans le nord du Kosovo, sans recevoir de réponse à ce jour. Le président serbe Aleksandar Vucic a cependant souligné être «quasiment certain» que cette demande ne serait «pas acceptée». Belgrade a perdu le contrôle du Kosovo en 1999, ayant été privé du droit d’y déployer son armée par l’accord de Kumanovo signé le 9 juin avec l’OTAN à la suite d'une intense campagne de bombardement de l’Alliance atlantique sur la Serbie