Une nouvelle polémique est lancée à deux jours du lancement d'une Coupe de monde de football controversée au Qatar.
Dans un communiqué de la Fifa le 18 novembre, celle-ci a assumé avoir décidé avec le Qatar de «supprimer les points de vente de bière des périmètres des stades [et de] concentrer la vente de boissons alcoolisées» dans les fan zones et les établissements autorisés. Les raisons de cette décision n'ont pas été précisées. Sollicité par l'AFP, le gouvernement n'a pas souhaité la commenter.
Ce revirement jette une ombre sur les engagements de l'émirat musulman conservateur en vue d'accueillir ce Mondial. L'association des supporters anglais, la FSA, dénonce «l'absence totale de communication et de transparence du comité d'organisation».
«Si ça veut dire que tout est re-discutable, quid de la sécurité des supporters LGBT, de la possibilité de soutenir son équipe en étant debout au stade, de la possibilité de s'embrasser dans la rue ?», interroge Ronan Evain, directeur général de l'association Football Supporters Europe.
Régulièrement questionnées sur l'accueil des spectateurs dans un pays où l'homosexualité et les relations sexuelles hors mariage sont criminalisées, les autorités ont répété que «tout le monde serait le bienvenu sans discrimination».
Le Qatar a souvent éludé la question voire rétropédalé
Un sujet d'autant plus sensible que le brasseur Budweiser, propriété d'AB InBev, est un sponsor majeur du tournoi depuis trois décennies. Remercié pour sa «compréhension», le groupe a pris acte d'une décision «en dehors de [son] contrôle» et conserve la possibilité de vendre des bières sans alcool autour et dans les stades.
Les organisateurs ont longtemps maintenu le flou concernant la vente d'alcool pendant le Mondial, strictement encadrée en temps normal. Il avait été confirmé début septembre que des stands de bière ouvriraient autour des stades à partir de trois heures et jusqu'à 30 minutes avant le début des matches. Ils devaient rouvrir ensuite pendant une heure après le coup de sifflet final. Seules des bières sans alcool devaient être disponibles dans les enceintes sportives.
«Je pense qu'il y a une idée fausse concernant la vente d'alcool dans les stades. Nous opérons comme n'importe quelle autre Coupe du monde», s'était engagé le PDG du Mondial Nasser al-Khater lors d'une conférence de presse début septembre.
L'alcool sera encadré durant le mondial et à un prix élevé
Le 18 novembre au matin, des tentes aux couleurs rouge et blanc de Budweiser étaient toujours visibles autour des stades international Khalifa, Ahmed Ben Ali et Lusail, où l'AFP s'est rendue.
Une source proche de l'organisation a affirmé à l'AFP que, «depuis quatre jours», ces tentes ont été éloignées de l'entrée des supporters car jugées «trop visibles». «C'est un ordre qui vient d'en haut», a ajouté cette source.
Les espaces VIP des stades proposent toujours des forfaits incluant «bières, champagne, vins et spiritueux» à partir de 950 dollars (soit près de 919 euros) et jusqu'à plus de 30 000 dollars (environ 29 019 euros).
Dans la principale fan zone de la Fifa, acheter de l'alcool est possible à partir de 18h30. Dans les fan zones privées, les règles varient. Un bar existe également dans le principal centre des médias.
Au Qatar, consommer de l'alcool est légal pour les non musulmans de plus de 21 ans mais strictement encadré.
Il est interdit d'en importer. Le magasin dédié n'est pas ouvert aux touristes, qui peuvent boire dans la plupart des hôtels internationaux, où une bière ou un verre de vin coûtent une dizaine d'euros et un cocktail plus de 15 euros.
Les règles concernant la consommation d'alcool dans les stades varient d'un pays à l'autre. Pendant la Coupe du monde 2014, le Brésil avait levé l'interdiction d'en consommer dans ses enceintes, à la demande de la Fifa.