Le ministre de l'Intérieur turc Suleyman Soylu a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d'être responsable de l'attentat qui a fait au moins six morts le 13 novembre dans l'artère commerçante d'Istiklal, à Istanbul, et annoncé l'arrestation d'une vingtaine de suspects, dont celui qui a déposé la bombe.
Le PKK dément toute implication
Le PKK a démenti toute implication dans l'attentat. «Il est bien connu que nous n'avons aucun lien avec cet événement, que nous ne visons pas les civils et rejetons les actions qui le font», a-t-il affirmé dans un communiqué publié par l'agence de presse Firat, proche du PKK.
«La personne qui a déposé la bombe a été arrêtée. [...] D'après nos conclusions, l'organisation terroriste PKK est responsable», avait affirmé plus tôt Suleyman Soylu à propos de l'attentat dans une déclaration relayée par l'agence de presse Anadolu et les télévisions locales. Il a ensuite confirmé l'arrestation de 21 autres suspects sans préciser où ces interpellations avaient eu lieu.
Selon la police turque, la principale suspecte est une jeune Syrienne qui aurait reconnu, toujours selon les forces de l'ordre avoir agi sur ordre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
L'attentat a fait six morts et 81 blessés qui pour moitié sont toujours hospitalisés le 14 novembre. Parmi les victimes, toutes des citoyens turcs, figurent une fille de 9 ans tuée avec son père et une adolescente de 15 ans, morte avec sa mère.
Ankara rejette les condoléances de Washington
Le ministre a aussi accusé les forces kurdes des YPG, les Unités de défense du peuple, qui contrôlent la majeure partie du nord-est de la Syrie, d'être derrière l'attentat. «Nous estimons que l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané», a-t-il ajouté.
Alors que Washington a adressé à Ankara un message de soutien après cet attentat, Suleyman Soylu a fait savoir : «Nous n'acceptons pas, nous rejetons, les condoléances des Etats-Unis. Notre alliance avec un Etat qui entretient Kobané et des poches de terreur [...] doit être débattue.»
La ville de Kobané est restée célèbre pour la bataille qui, en 2015, a permis aux forces kurdes de repousser le groupe terroriste Daesh. Elle est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les YPG – alliées au PKK – sont une composante majeure.
Pour Ankara, tous ces mouvements sont «terroristes».
L'attentat est survenu en pleine après-midi dans la rue piétonne ultra-populaire d'Istiklal le 13 novembre, qu'arpentent les Stambouliotes et les touristes.
Fermé immédiatement après l'attentat, l'accès à la rue a été de nouveau autorisé le 14 novembre au matin.
Tous les bancs ont été retirés et un tapis rouge couvre l'emplacement où s'est produite l'explosion, sur lequel les passants viennent déposer des œillets, rouges eux aussi.
Le PKK, pomme de discorde entre Ankara et les pays nordiques
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara mais aussi par ses alliés occidentaux dont les Etats-Unis et l'Union européenne, est en lutte armée contre le gouvernement turc depuis le milieu des années 1980. Par le passé, il a souvent été rendu responsable, par les autorités turques, d'attentats sanglants sur le sol turc. Il dément de son côté toute attaque contre les civils.
En décembre 2016, un double attentat près du stade de football de Besiktas, à Istanbul – 47 morts dont 39 policiers et 160 blessés – avait été revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), groupe radical kurde proche du PKK.
Le PKK est par ailleurs au cœur d'un bras de fer entre la Suède et la Turquie, qui bloque depuis mai l'entrée de Stockholm dans l'OTAN en l'accusant de mansuétude envers le PKK.
Ankara a réclamé l'extradition de plusieurs de ses membres dans un mémorandum d'accord signé en juin avec la Suède et la Finlande, autre pays nordique désireux de rejoindre l'Alliance atlantique.
Après la visite à Ankara du Premier ministre suédois Ulf Kristersson, la semaine dernière, le Parlement suédois s'apprête à voter pour changer la constitution afin de durcir sa législation anti-terroriste.
Le PKK est également régulièrement visé par des opérations militaires turques contre ses bases dans le nord de l'Irak et de la Syrie.