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Téhéran juge «honteuses» les déclarations de Macron sur l'opposition iranienne

Emmanuel Macron a reçu Masih Alinejad, militante américano-iranienne basée à New York, qui encourage les femmes iraniennes à protester contre l'obligation du port du voile. Téhéran a dénoncé le soutien de Paris à une «soi-disant révolution».

L'Iran a fustigé ce 13 novembre la rencontre à Paris d'Emmanuel Macron avec des opposantes au pouvoir iranien et a qualifié de «regrettables et honteuses» ses déclarations à l'issue de cette réunion. Emmanuel Macron avait reçu deux jours plus tôt à Paris, en marge du Forum de la paix, quatre militantes, pour leur apporter son soutien.

«Il s'agit d'une violation flagrante des responsabilités internationales de la France dans la lutte contre le terrorisme et la violence et nous considérons qu'elle favorise ces sinistres phénomènes», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanani. «Les déclarations de Macron quant à son soutien à cette soi-disant révolution menée par ces personnes sont regrettables et honteuses», a ajouté celui-ci.

Selon l'Elysée, en marge du Forum de Paris sur la paix, Emmanuel Macron avait reçu le 11 novembre une délégation composée de Masih Alinejad, une militante américano-iranienne basée à New York, qui encourage les femmes iraniennes à protester contre l'obligation du port du voile, Shima Babaei, une activiste dont le père a été emprisonné, selon elle, pour raisons politiques, ou encore Ladan Boroumand, cofondatrice d'une organisation de défense des droits basée à Washington.

Le président français avait salué «la révolution [que les femmes iraniennes] sont en train de conduire». Il avait ajouté : «Je veux ici leur redire vraiment notre respect et notre admiration dans le contexte de la révolution qu’elles sont en train de conduire.»

Dans un contexte économique particulièrement difficile, l'Iran est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique. 

Alors que les manifestants ont mis en cause la police des mœurs dans le décès de la jeune femme âgée de 22 ans, un rapport de l'Organisation médico-légale iranienne a pour sa part conclu que sa mort n'aurait «pas été causée par des coups portés à la tête et aux organes vitaux», mais à «une intervention chirurgicale pour une tumeur cérébrale à l'âge de huit ans». Cette version a été contestée par le père de la jeune femme, Amjad Amini, qui a expliqué le 19 septembre à l'agence Fars que sa fille était, avant son décès, «en parfaite santé».

Les autorités iraniennes dénoncent pour leur part des «émeutes» instrumentalisées selon elles par l'Occident. Raillant le soutien ouvertement affiché aux manifestants par le président américain Joe Biden, qui avait promis de «libérer» le pays, le président iranien Ebrahim Raïssi avait lancé le 4 novembre à Téhéran lors d'un meeting commémorant la prise d'otages de l'ambassade américaine par des partisans de la Révolution islamique en 1979 : «Les Etats-Unis disent qu'ils veulent libérer l'Iran mais je dois vous dire que l'Iran s'est libéré il y a 43 ans et ne se soumettra plus à vous.»