«Il n'y a toujours pas lieu de répondre favorablement à la demande de l'Allemagne de transmettre du matériel de guerre suisse à l'Ukraine», a fait savoir le 2 novembre Guy Parmelin, le ministre suisse de l'Economie, dans un courrier adressé à la ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht.
Il s'agit dans ce cas précis de 12 400 munitions de 35 mm destinées au Gepard, un système de défense antiaérien bi-tube et sur chenilles que les Ukrainiens réclament en particulier pour riposter aux missiles de croisière et drones kamikazes russes.
Les critères d'autorisation prévus par la législation suisse sur le matériel de guerre excluent également la livraison de matériel de guerre à des pays impliqués dans un tel conflit
«L'égalité de traitement découlant du droit de la neutralité ne permet pas à la Suisse d'approuver une demande de transmission de matériel de guerre de provenance suisse à l'Ukraine tant que ce pays est impliqué dans un conflit armé international», a souligné le ministre dans un communiqué.
«Les critères d'autorisation prévus par la législation suisse sur le matériel de guerre excluent également la livraison de matériel de guerre à des pays impliqués dans un tel conflit», a-t-il ajouté.
Pour rappel, les envois occidentaux d'armement à destination de Kiev sont à l'origine de plusieurs controverses au sein des pays de l'Union européenne qui soutiennent de telles initiatives. Fin octobre, les autorités finlandaises avait à ce titre fait savoir que des armes expédiées à l'Ukraine avaient été retrouvées entre les mains de groupes criminels du pays nordique. «Nous allons avoir affaire à ces armes pendant des décennies», avait alors estimé un policier traitant de ce dossier.
La Suisse poursuit son aide humanitaire à destination de l'Ukraine
Le 2 novembre, le gouvernement suisse a annoncé l'octroi d'une aide humanitaire de cent millions de dollars à l'Ukraine pour l'approvisionnement en eau potable et la réhabilitation des infrastructures énergétiques endommagées, à l'approche de l'hiver.
Le débat sur la neutralité a été ravivé en Suisse par la décision du Conseil fédéral – le gouvernement – d'adopter toutes les sanctions instaurées contre la Russie par l'Union européenne depuis le début de l'offensive militaire russe en Ukraine.
Comme le rapporte l'AFP, certains responsables politiques suisses, notamment dans les rangs de l'UDC (droite radicale et premier parti du pays), estiment que c'est déjà s'engager trop et miner le principe de neutralité. Le président de la Confédération et ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis répète inlassablement qu'il n'en est rien.