Après deux jours de débats sur les questions régionales et internationales dans la capitale algérienne, les membres de la Ligue arabe ont exprimé leur volonté commune de faire preuve d'union et de solidarité.
Malgré les divisions existantes sur certains sujets à l'instar des relations avec l'Iran et le rapprochement avec Israël, les pays membres ont en effet souhaiter afficher une unité derrière la cause palestinienne et exprimé leur rejet d'ingérence dans les affaires internes. En effet, à l'issue du 31e sommet de l'organisation panarabe, la Déclaration d'Alger a été publiée le 2 novembre et soutenue par tous les pays membres. Ce document officiel vise à redonner un sens politique à la Ligue arabe en insufflant une réelle prise de conscience dans le but de mener une politique commune.
Soutien absolu «aux droits inaliénables du peuple palestinien»
La Déclaration réaffirme notamment le «soutien absolu des pays arabes aux droits inaliénables du peuple palestinien, y compris son droit à la liberté et à l'autodétermination» parlant d'un «Etat indépendant et pleinement souverain de Palestine sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale».
En dépit du rapprochement de certains pays arabes avec l'Etat hébreu lors des accords d'Abraham pilotés par l'ancien président américain Donald Trump, le document réitère «l'attachement» au «plan de paix arabe» de 2002 qui conditionnait toute normalisation avec Israël à un retrait des territoires occupés.
Par ailleurs, la Ligue arabe exige «la levée du blocus sur la Bande de Gaza» et condamne «l'usage de la force par la puissance occupante contre les Palestiniens, et toutes les pratiques barbares, y compris les assassinats et les arrestations arbitraires, et demande la libération de tous les prisonniers et détenus, en particulier les enfants, les femmes, les malades et les personnes âgées».
Comme souligné dès l'ouverture du sommet, les pays membres soutiennent de surcroît la demande de l’Etat de Palestine de devenir membre à part entière de l'Organisation des Nations unies (ONU). Ils ont également invité «les pays n’ayant pas encore reconnu l'Etat de Palestine à le faire», en soutenant les «efforts juridiques palestiniens visant à tenir l'occupation israélienne pour responsable des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qu'elle a commis et qu'elle continue de commettre à l'encontre du peuple palestinien».
Interrogé à l'issue du sommet sur un potentiel retour de Benjamin Netanyahou au pouvoir, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a affirmé qu'Israël «commettrait une grave erreur» en bloquant la solution à deux Etats.
En outre, les pays membres de la Ligue arabe ont salué les efforts de la diplomatie algérienne pour tenter d'unir les différentes factions palestiniennes lors d'une réunion à Alger à la mi-octobre.
Rejet des ingérences étrangères
Indépendamment du soutien affiché à la cause palestinienne, l'organisation panarabe a notamment mis l'accent sur le rejet «de toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes des pays arabes» en s'attachant «au principe des solutions arabes aux problèmes arabes à travers le renforcement du rôle de la Ligue arabe dans la prévention et le règlement des crises de manière pacifique».
La Ligue arabe a notamment pour objectif le «renforcement des relations interarabes» en prenant comme exemple le Koweït qui est «en faveur de la solidarité arabe et du Golfe». Sans les nommer expressément, la Déclaration pointe du doigt le poids d'Ankara et de Téhéran dans les affaires de certains pays arabes.
Les pays membres ont mis en exergue le besoin de solidarité pour mettre fin aux différentes crises en Syrie, au Libye et au Yémen. Ils ont également insisté sur l'urgence d'une aide commune pour régler la crise politique au Liban, en Somalie et à Djibouti.
Derrière ce consensus affiché, est-ce que cet engouement généralisé sera traduisible dans les actes ? Un défi auquel l'Algérie entend relever à l'issue de ce sommet. Le prochain sommet de la Ligue arabe aura lieu en Arabie saoudite en 2023.