«L'oiseau est libéré», a tweeté Elon Musk dans la soirée du 27 octobre, après avoir racheté le réseau social à l'oiseau bleu pour 44 milliards de dollars, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour la plateforme au cœur de la vie politique et médiatique des Etats-Unis et de nombreux pays.
Le milliardaire a immédiatement licencié le patron Parag Agrawal et deux autres dirigeants, le directeur financier Ned Segal et la responsable des affaires juridiques Vijaya Gadde, selon des sources anonymes de la chaîne CNBC et du Washington Post. Elon Musk avait jusqu'au 28 octobre pour conclure l'acquisition du réseau social, faute de quoi un procès aurait eu lieu en novembre.
L'opération traînait en effet depuis l'annonce fin avril d'une offre d'acquisition à 44 milliards de dollars, acceptée à contrecœur par Twitter. L'entrepreneur a cherché à s'en extraire unilatéralement début juillet, accusant l'entreprise de lui avoir menti mais le conseil d'administration de la société a saisi la justice.
Au début du mois d'octobre, à quelques jours de l'ouverture d'un procès que Twitter semblait bien parti pour gagner, Elon Musk a finalement proposé de conclure la transaction au prix initialement convenu.
Elon Musk souhaite assouplir la modération des contenus
Le 26 octobre, il s'est rendu au siège de Twitter à San Francisco et s'est rebaptisé «Chief Twit» sur son profil – «twit» voulant dire «crétin» en anglais.
Il a ensuite retweeté une photo de lui entouré d'employés de Twitter, dans un café du bureau.
Dans la soirée du 27 octobre, plusieurs salariés du groupe californien ont affiché leur soutien à l'ancienne direction. «Merci à Parag Agrawal, à Vijaya Gadde et Ned Segal pour leur contribution collective à Twitter», a ainsi écrit Biz Stone, cofondateur du réseau, saluant leur «talent immense» et leur «humanité».
Fin avril, peu après avoir signé l'accord initial de rachat, Elon Musk avait critiqué publiquement des cadres de Twitter et s'était moqué de Vijaya Gadde.
Sa prise de contrôle inquiète une partie des salariés de Twitter, des utilisateurs et des ONG qui appellent les réseaux sociaux à mieux lutter contre les abus, du harcèlement à la désinformation.
Car le multimilliardaire, se présentant comme un ardent défenseur de la liberté d'expression, veut assouplir la modération des contenus. Il a par exemple ouvert la porte à un retour de Donald Trump, évincé de Twitter après avoir été accusé d'avoir soutenu ses partisans qui ont pris part à l'assaut du Capitole en janvier 2021.
Avec Elon Musk, plus de liberté d'expression sur Twitter?
Des élus républicains et soutiens de Donald Trump ont d'ailleurs salué le changement potentiel d'orientation de Twitter. «LIBERTE D'EXPRESSION!!!», a par exemple tweeté dans la soirée du 27 octobre Marjorie Taylor Greene, une élue républicaine. Mais les annonceurs, eux, préfèrent généralement adosser leurs publicités à des contenus consensuels.
Le 27 octobre, Elon Musk a tenté de les rassurer en affirmant vouloir permettre à toutes les opinions de s'exprimer sur le réseau social, sans pour autant en faire une plateforme «infernale» où tout serait permis.
Il est «important pour l'avenir de la civilisation d'avoir une place publique en ligne où une grande variété d'opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence», a-t-il écrit dans un message spécifiquement adressé aux marques, qui rapportent l'essentiel des revenus de Twitter.
Il assure aussi qu'il n'a pas engagé le rachat parce que c'était «facile» ou «pour se faire de l'argent», mais pour «essayer d'aider l'humanité».
Twitter devra en Europe respecter la règlementation sur les grandes plateformes qui vient d'être adoptée, a prévenu le lendemain le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton, initiateur de cette législation.
En réponse à l'entrepreneur qui a tweeté le 27 octobre au soir «l'oiseau est libre» après avoir pris le contrôle de la plateforme, acquise pour 44 milliards de dollars, le fonctionnaire européen a tweeté : «En Europe, l'oiseau volera selon nos règles européennes».
Elon Musk veut par ailleurs renforcer la lutte contre les spams. Il a aussi fait des allusions cryptiques à «X», sa vision d'une application à tout faire (messagerie, réseau social, services financiers...), à l'image de WeChat en Chine.