Finalement, la pression aurait-elle été trop forte ? Vivement critiqués, les élus démocrates les plus progressistes ont finalement retiré leur appel du 24 octobre au président Joe Biden, appel visant à multiplier les efforts diplomatiques et engager des pourparlers directs avec Moscou afin de parvenir à une sortie de ce conflit entamé depuis huit mois. Une première au sein du propre parti du président. Parmi les 30 signataires figuraient Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar et Pramila Jayapal, figures de la frange la plus progressiste du parti.
«[La lettre] a malheureusement été publiée par le personnel sans vérification»
«Le groupe parlementaire progressiste retire par la présente sa récente lettre à la Maison Blanche concernant l'Ukraine», a déclaré Jayapal dans un communiqué. Et celle-ci d'ajouter, en guise de justification : «La lettre a été rédigée il y a plusieurs mois, mais a malheureusement été publiée par le personnel sans vérification.»
Les élus démocrates appelaient Biden à «accompagner le soutien économique et militaire à l'Ukraine d'une impulsion diplomatique proactive, et à redoubler d'efforts pour chercher un cadre réaliste pour un cessez-le-feu». Toutefois, ceux-ci se sont évidemment positionnés contre l’intervention russe, qualifiée d'«invasion illégale et scandaleuse» de l'Ukraine. Une précision apparemment insuffisante au vu du climat politique américain.
Se disant «responsables de la manière dont sont dépensés des dizaines de milliards de dollars du contribuable américain en assistance militaire dans le conflit», les élus estimaient «qu'une telle implication dans cette guerre crée également la responsabilité pour les Etats-Unis d'explorer sérieusement toutes les voies possibles».
Par conséquent, les élus démocrates appelaient Joe Biden à «déployer de vigoureux efforts diplomatiques en soutien à un règlement négocié et à un cessez-le-feu, à engager des pourparlers directs avec la Russie [et] à explorer les perspectives pour un nouvel accord de sécurité européen acceptable pour toutes les parties».
La crainte d'un renversement après les Midterms du 8 novembre
L'appel n'a pas été du goût de tous, y compris au sein du groupe progressiste : «La Russie ne reconnaît pas la diplomatie, seulement la force», leur a rétorqué le représentant démocrate de l'Arizona Ruben Gallego, dans un communiqué rapporté par l'agence Reuters. Et l'élu de l'Arizona de poursuivre : «si nous voulons que l'Ukraine continue comme le pays libre et démocratique qu'il est, nous devons soutenir son combat».
Les démocrates craignent un amalgame avec la récente menace émanant du parti républicain : Kevin Mac Carthy, élu de Californie, avait déclaré que son parti ne signerait pas de «chèque en blanc» à l'Ukraine s'il remporte, comme les sondages le prédisent, la majorité des sièges de la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat, prévues le 8 novembre.
Les Etats-Unis ont déversé 50 milliards d'aide sur l'Ukraine
«Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité», a tenté de rétablir Jayapal dans son communiqué. «Chaque guerre se termine par la diplomatie, et celle-ci le sera aussi après la victoire ukrainienne. La lettre envoyée hier, bien que réaffirmant ce principe de base, a été confondue avec l'opposition du GOP au soutien de la juste défense des Ukrainiens», a fait valoir l'élue progressiste.
Depuis le début du conflit, l’administration de Joe Biden a déversé selon le Kiel Institute 50 milliards de dollars d'aide militaire, humanitaire et financière sur l'Ukraine, avec l'accord des deux partis au Congrès.