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Explosion sur le pont de Crimée : la circulation automobile et ferroviaire a rouvert

Dans la matinée du 8 octobre, un incendie s'est déclaré sur le pont de Crimée, à la suite de l'explosion d'un camion. Au moins trois personnes sont mortes, selon les autorités russes, qui ont ouvert une enquête criminelle.

Dimanche 9 octobre

Vladimir Poutine a affirmé que les services secrets ukrainiens étaient derrière l'explosion sur le pont de Crimée et ajouté qu'il s'agissait «d'un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique».

Le chef du Comité d'enquête russe, Alexandre Bastrykine, a rapporté que ses services avaient «déjà tracé l'itinéraire du camion à l'origine de l'explosion». Selon celui-ci, le camion aurait transité via la Bulgarie, la Géorgie, l'Arménie, l'Ossétie du Nord et région [russe] de Krasnodar». Et de conclure: «avec l'aide des officiers du FSB, nous avons réussi à identifier des suspects». 

Selon un haut responsable ukrainien cité par le New York Times sous anonymat, l'Ukraine aurait bien organisé cette attaque. Il aurait ainsi affirmé que «les services secrets ukrainiens ont orchestré l'explosion, en utilisant une bombe chargée dans un camion se rendant sur le pont». Kiev n'a toutefois pas officiellement revendiqué l'explosion. 

Le pont de Crimée a rouvert à la circulation routière et ferroviaire après avoir été endommagé par l'explosion d'un camion piégé. «Le trafic ferroviaire sur le pont de Crimée a été totalement rétabli», a affirmé à la presse le vice-Premier ministre russe Marat Khousnoulline, cité par l'agence RIA Novosti. 

Il a précisé sur son compte Telegram que cette reprise concernait aussi bien les «trains de passagers que de marchandises».

Les autorités de Crimée avaient annoncé dans l'après-midi que la circulation avait repris pour les voitures et les bus sur la seule voie routière du pont restée intacte, ce qu'a confirmé Marat Khousnoulline, précisant que la seconde voie serait de nouveau opérationnelle «dans un proche avenir».

Des ferries vont prendre le relais, notamment pour la traversée des poids lourds. «Nous ne prévoyons pas de pénurie», a relevé le vice-Premier ministre.

L'agence de presse russe Tass avait indiqué plus tôt que la circulation ferroviaire avait totalement repris pour les passagers et les marchandises mais avec des retards.

Samedi 8 octobre

Retour avec notre journaliste Vera Gaufman sur l'explosion sur le pont de Crimée, survenue le matin de ce 8 octobre.

Le président russe Vladimir Poutine a signé un décret visant à renforcer la protection du pont de Crimée et d'infrastructures de transport d'énergie dans le détroit de Kertch, selon le service de presse du Kremlin.

Selon la même source, le FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie) se voit chargé de «prendre et de coordonner les mesures visant à protéger la voie de transport à travers le détroit de Kertch, le pont énergétique du réseau électrique Fédération de Russie-péninsule de Crimée et le gazoduc magistral Kraï de Krasnodar-Crimée au cours de la période de leur fonctionnement».

Le service de presse du ministère russe des Transports a annoncé, en fin d'après-midi, que «l’autorisation de commencer la circulation des trains sur le pont de Crimée a été obtenue».

Le premier train d’essai a parcouru la voie ferrée sans avoir rencontré de problème, selon la même source, alors que le pont a été endommagé dans la matinée par l'explosion d'un camion.

Le conseiller du président Volodymyr Zelensky, Mykhaïlo Podolyak, a déclaré dans un commentaire transmis par la présidence, à propos de l'explosion sur le pont de Crimée survenue dans la matinée : «Il convient de noter que le camion qui a explosé, selon toutes les indications, est entré sur le pont depuis le côté russe. C'est donc en Russie qu'il faut chercher les réponses [...] Tout cela indique clairement une piste russe.»

La circulation a été rouverte à certains véhicules sur le pont de Crimée, endommagé par une explosion dans la matinée.

«La circulation des véhicules sur le pont de Crimée a commencé. Pour l’instant, le pont est accessible aux voitures et aux bus, une inspection complète étant requise. Les chauffeurs de camion sont priés de planifier une traversée par ferry lors de l'établissement de leur itinéraire», a déclaré dans l'après-midi Sergueï Axionov, dirigeant de la République de Crimée. Il a ajouté que le ferry «Kertch-2» allait commencer à circuler.

Pour l’instant, le pont est accessible aux voitures et aux bus, une inspection complète étant requise

Des longues files d'attente de véhicules se sont formées près des stations-service de Sébastopol. Malgré les assurances du chef de la République de Crimée Sergueï Axionov, des habitants de la péninsule craignent de manquer de carburant après l'explosion survenue dans la matinée sur le pont de Crimée.

Oleg Morozov, député à la Douma du parti Russie unie (majorité présidentielle), a déclaré à l'agence RIA Novosti : «Une guerre terroriste ouverte est menée contre nous. De plus, l'attaque terroriste annoncée depuis longtemps sur le pont de Crimée n'est plus seulement un défi, c'est une déclaration de guerre sans règles». Et d'ajouter : «Si nous restons silencieux en retour et ne donnons pas une réponse adéquate, de tels attentats se multiplieront.»

Les spécialistes du Comité d'enquête de la Fédération de Russie sont sur place afin de procéder au recueil d'informations, comme on peut le voir sur ces images.

Le chef du Parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov, a accusé les «vandales ukrainiens» d'être à l'origine du drame : «Les vandales ukrainiens ont quand même réussi à tendre leurs mains ensanglantées jusqu'au pont de Crimée. Maintenant, ils ont de quoi être fiers : pendant les 23 ans de leur gestion, ils n'ont réussi à construire rien qui mérite l'attention en Crimée, mais ils ont réussi à endommager la route du pont russe.» Il a également dénoncé «la nature du régime de Kiev et de l'Etat ukrainien» qui, selon lui, seraient uniquement aptes à semer «la mort et la destruction».

Mykhaïlo Podolyak, le conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a semblé se réjouir de l'incident sur Twitter. «La Crimée, le pont, le début. Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être restitué à l'Ukraine», a-t-il déclaré.

Le ministère ukrainien de la Défense a même été jusqu'à employer l'injure, toujours sur Twitter. Après une référence au naufrage du croiseur Moskva du 14 avril dernier, le ministère a écrit : «Qu'est-ce qui vous attends encore, les russkofs ?»

En réponse, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a critiqué sur Telegram la «réaction du régime de Kiev» à l'incident, qui «témoigne», selon elle, de «sa nature terroriste».

Le Comité d'enquête russe a déclaré avoir «ouvert une enquête criminelle en rapport avec l'incident sur le pont de Crimée». «Sur les instructions du président du Comité d'enquête de la Russie Alexandre Bastrykine, des criminalistes de la Direction générale de la criminologie de l'organisation se sont rendus sur les lieux. Les enquêteurs du Comité d'enquête sont en train d'établir toutes les circonstances de l'incident et les personnes impliquées dans le crime», a fait savoir le comité.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé que le président russe Vladimir Poutine avait ordonné la création d'une commission gouvernementale.

«Selon les rapports préliminaires, trois personnes sont mortes à la suite de l'incident. Ce sont probablement les passagers d'une voiture qui se trouvait à côté du camion qui a explosé. Les corps de deux victimes, un homme et une femme, ont déjà été sortis de l'eau et sont en cours d'identification», peut-on lire dans un communiqué rendu public par le Comité d'enquête russe. Selon la même source, le conducteur du camion est «un habitant de la région de Krasnodar».

Selon les premiers éléments avancés par le Comité national antiterroriste russe, cité par l'agence RIA Novosti, «à 6h07 sur la partie automobile du pont de Crimée, du côté de la péninsule de Taman, un camion a explosé, ce qui a provoqué l'embrasement de sept réservoirs de carburant d'un train qui se dirigeait vers la péninsule de Crimée». «Deux travées automobiles du pont se sont partiellement effondrées. L'arche au-dessus de la partie navigable du pont n'a pas été endommagée», a-t-il ajouté.

Le Comité national antiterroriste russe a annoncé que l'explosion d'un «camion» tôt dans la matinée du 8 octobre avait déclenché un incendie sur le pont reliant la Crimée au reste du territoire russe, au-dessus du détroit de Kertch. Pour rappel, en 2014, la péninsule ukrainienne de Crimée a rejoint la Fédération de Russie, après un référendum d'autodétermination, non reconnu et dénoncé comme «illégal» par Kiev et les Occidentaux.