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Conseil des droits de l’homme de l’ONU : Kiev change d’avis sur une motion contre la Chine

Revirement à Genève. Moins de 24 heures après s’être abstenue de soutenir une motion des Occidentaux visant Pékin au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, l’Ukraine a demandé à modifier son vote abstentionniste en un «oui».

L'Ukraine a changé d'avis sur le vote historique qui a vu le Conseil des droits de l'homme de l'ONU refuser de débattre de la situation dans la province du Xinjiang, passant d'une abstention à un «oui».

Ce changement d'avis – annoncé ce 7 octobre au lendemain du vote – sera inscrit dans le rapport final sur la 51e session du Conseil mais il ne peut en aucun cas, selon les règles de l'ONU, modifier le scrutin.

La veille, une courte majorité des 47 Etats membres du Conseil a rejeté la proposition de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, d'organiser un débat sur la région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Kiev, à qui les Occidentaux apportent un important soutien face à la Russie, avait créé la surprise au moment du vote en s'abstenant.

Prenant la parole le 7 octobre lors des explications de vote, l'ambassadrice de l'Ukraine, Yevheniia Filipenko, a annoncé le revirement de son pays. «Nous souhaitons demander que le compte-rendu des débats reflète notre position "en faveur" de l'adoption de la décision» concernant le Xinjiang, a-t-elle dit.

En tant que président du Conseil, lui a répondu l'ambassadeur argentin Federico Villegas, «je prends note de votre déclaration».

Un scrutin serré où la voix de l'Ukraine a manqué aux Occidentaux

«Comme demandé, le compte-rendu officiel de la session reflétera votre déclaration. Toutefois, conformément aux règles et pratiques, le résultat du vote [...] restera tel qu'il a été annoncé hier», a-t-il expliqué.

C'était la première fois dans l'histoire de la plus haute instance des droits humains de l'ONU, créée en 2006, qu'un texte visait une grande puissance. Le projet de décision a été rejeté par 19 pays dont de nombreux pays africains. 17 y étaient favorables et 11 se sont abstenus, dont l'Ukraine ainsi que le Brésil, l'Argentine et le Mexique.

Pékin a également reçu le soutien de ses alliés traditionnels, tels Cuba et le Venezuela, mais également de pays musulmans dont le Pakistan et l'Indonésie. Depuis plusieurs années, la Chine est accusée par des chancelleries occidentales et des organisations de défense des droits de l'homme d'avoir enfermé au Xinjiang plus d'un million de Ouïghours et d'autres membres de minorités majoritairement musulmanes, y compris des Kazakhs, dans des camps.

Pékin a rejeté avec véhémence ces accusations et accusé l'ONU de devenir «le sbire et le complice des Etats-Unis et de l'Occident».