Les électeurs suédois sont appelés aux urnes le 11 septembre pour les élections législatives et désigneront les 349 nouveaux députés du Riksdag – unique assemblée du pays – actuellement dominé par les sociaux-démocrates du Premier ministre Magdalena Andersson. Le débat politique se focalise sur les enjeux d'insécurité et d'immigration, sur fond d'augmentations des homicides par armes à feu et de guerre des gangs.
«Depuis le mois de janvier, la police a recensé une quarantaine de morts par balle et plus de 250 fusillades dans le royaume scandinave», rapporte Libération, soulignant que «pour la première fois en quarante ans, la criminalité est en tête des préoccupations des électeurs suédois». Si, de manière assez classique, les formations de droite se sont emparées de l'enjeu de la sécurité et de la restauration de l'ordre, Magdalena Andersson, soucieuse de ne pas laisser ce terrain à l'opposition, a promis au cours de l'été qu'elle mènerait «une offensive nationale contre les fusillades, les armes et les gangs», estimant qu'il faudrait améliorer l’intégration et les conditions de vie dans les quartiers dits «vulnérables», à forte proportion immigrée – les plus concernés par ces règlements de comptes – tout en renforçant les moyens de la police et de la justice.
Ce durcissement de ton tient compte de la dynamique du parti nationaliste et anti-immigration des Démocrates de Suède (SD), qui pourrait, selon un sondage récent, recueillir 21,5% des suffrages, en devançant la droite modérée et en se positionnant derrière la principale formation de gauche, donnée à environ 28%. Les Démocrates de Suède établissent pour leur part un lien direct entre l'augmentation de l'insécurité et les immigrés accueillis en nombre par le royaume, et souhaitent voir une partie d'entre eux regagner leur pays d'origine.
Selon Le Figaro, «le nombre de personnes nées à l'étranger et résidant aujourd'hui en Suède a doublé en vingt ans, pour atteindre désormais deux millions (un cinquième de la population de ce pays scandinave)», d'où de sérieux problèmes d'intégration, reconnus par Magdalena Andersson elle-même en avril 2022.
Le Danemark pour exemple ?
Après quinze jours d'émeutes déclenchées par la venue en Suède d'un militant anti-islam danois qui projetait de brûler un Coran en public, le Premier ministre avait en effet déclaré que «l'intégration a été trop faible tandis que nous avons connu dans le même temps une immigration massive», évoquant même une «ségrégation» de la Suède, désormais compartimentée «en sociétés parallèles».
Nous ne voulons pas de Chinatown en Suède, nous ne voulons pas de Somalitown ou de Little Italy
Le débat sur le sujet a rebondi pendant l'été, après que le ministre de l’Intégration et de la Migration, Anders Ygeman, a déclaré le 31 juillet au quotidien Dagens Nyheter que les quartiers dits «vulnérables» devraient compter un maximum de 50% de «résidents d’origine non-nordique». Cette déclaration, comme le rapporte le média Euractiv, a suscité des critiques de la part des partis de gauche et du centre, mais Magdalena Andersson a défendu son ministre le 23 août, affirmant que les sociaux-démocrates s’opposaient aux «regroupements ethniques». «Nous ne voulons pas de Chinatown en Suède, nous ne voulons pas de Somalitown ou de Little Italy», a-t-elle ajouté, prônant plutôt « une société où des personnes ayant des origines, des expériences et des revenus différents vivent ensemble et se rencontrent».
Comme le note Libération, la suggestion d'Anders Ygeman est «inspirée directement du Danemark», qui a adopté en 2018 une loi «anti-ghetto» : celle-ci vise, à l'horizon 2030, à ce qu'aucune zone résidentielle danoise ne compte plus de 30% de résidents d’origine « non-occidentale», et a conduit en pratique à l’expulsion forcée d'une partie de ces résidents, vivant parfois au Danemark depuis longtemps. Magdalena Andersson a cependant nié, dans un entretien au journal suédois DN, toute volonté d'emprunter le même chemin, excluant des relogements forcés. Elle a indiqué vouloir «voir davantage de zones mixtes», et s'assurer «que le suédois soit la langue naturelle dans toute la Suède».
Selon Euractiv, «les élections suédoises seront extrêmement serrées puisque la différence entre les blocs de droite et de gauche n’est que de 0,3 point de pourcentage», avec respectivement 49,6% et 49,3% des intentions de vote. Les sociaux-démocrates ont fait savoir le 24 août qu'ils ne s'allieraient pas avec le Parti de gauche, rapporte l'agence Anadolu, au motif que trois députés de cette formation de gauche radicale ont posé début juillet pour une photo avec le drapeau du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), au moment même où Stockholm s'efforçait d'amadouer la Turquie. Celle-ci menace toujours de bloquer l'entrée du royaume dans l'OTAN si les militants de cette organisation, qu'elle considère comme «terroriste», ne sont pas extradés par le pays scandinave.