La Russie et l'Ukraine se sont à nouveau mutuellement accusées, lors d'une réunion du Conseil de sécurité tenue le 23 août, de mettre en péril la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporojié – que Moscou contrôle depuis les premiers jours du lancement de son opération militaire en Ukraine –, tandis que le secrétariat général de l'ONU les a appelés à cesser toute activité militaire autour du site.
Nous avons l'impression que nos collègues vivent dans une réalité parallèle dans laquelle l'armée russe bombarde elle-même le site qu'elle protège
«Les forces armées ukrainiennes continuent pratiquement tous les jours à bombarder le territoire de la centrale nucléaire, créant un risque réel d'accident radioactif aux conséquences catastrophiques pour le continent européen dans son ensemble», a dénoncé le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU, Vassili Nebenzia, qui avait demandé la tenue de cette réunion du Conseil. Il a également appelé les Occidentaux à «arrêter de couvrir leur protégé ukrainien».
«Nous avons l'impression que nos collègues vivent dans une réalité parallèle dans laquelle l'armée russe bombarde elle-même le site qu'elle protège», a-t-il lancé.
«Personne ne peut imaginer que l'Ukraine viserait une centrale nucléaire en créant un risque énorme de catastrophe nucléaire sur son propre territoire», a répondu l'ambassadeur ukrainien Sergiy Kyslytsya. «Une fois encore [la Russie] a l'audace de convoquer une réunion du Conseil de sécurité pour discuter de ses propres provocations et de ses propres actions terroristes», a-t-il ajouté, estimant avoir «perdu une heure à écouter une flopée de déclarations imaginaires».
Les deux pays assurent tous les deux être prêts à permettre l'accès d'une équipe d'inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le site, mais la mission n'a toujours pas pu être programmée. «Il est vraiment important que cette mission ait lieu de manière à ce que la communauté internationale puisse voir la réalité et pas une pièce de théâtre russe», a affirmé Sergiy Kyslytsya. Son homologue russe compte également sur l'AIEA pour «confirmer la réalité de la situation».
De son côté, la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a mis en avant la nécessité, pour les deux parties, «de stopper toute activité militaire autour de la centrale». Reprenant les mots du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui avait qualifié toute attaque contre la centrale nucléaire de «suicidaire», elle a appelé au «bon sens», s'inquiétant des «informations quasi quotidiennes sur des incidents alarmants» à propos du site.
Moscou dénonce l'aide occidentale à Kiev et appelle à condamner l’assassinat de Daria Douguina
Au cours de la réunion, Vassili Nebenzia est également revenu sur les propos de responsables ukrainiens, qui «appellent ouvertement à tuer des Russes». Ainsi, a-t-il rappelé, «l'ambassadeur d'Ukraine au Kazakhstan, Piotr Vroublevsky, a déclaré récemment en public [le 21 août] que l'objectif de l'Ukraine était de tuer le plus grand nombre de Russes, que plus de Russes seraient tués maintenant, moins de Russes resteraient à tuer par les prochaines générations d'Ukrainiens».
L'ambassadeur a exprimé l'indignation de la Russie à ce sujet, constatant «que les pays occidentaux non seulement ne condamnent pas cela, mais en plus aident les services spéciaux ukrainiens à entraîner des commandos pour exterminer les indésirables», en référence à l'attentat ayant coûté la vie à Daria Douguina le 21 août, fomenté selon la Russie par les services spéciaux ukrainiens. Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité de l'ONU et les dirigeants de l'organisation internationale à «condamner fermement» cet assassinat, en dénonçant un «énième crime du régime de Kiev». «Daria Douguina avait 29 ans. Sa vie s’est arrêtée dans la fleur de l'âge. En raison de ses activités professionnelles, la journaliste était depuis déjà longtemps dans le viseur des nationalistes ukrainiens», a encore détaillé le diplomate.
«Voici sa photo tirée du site tristement célèbre "Myrotvorets", dont nous avons parlé à plusieurs reprises. Ils se réjouissent ouvertement de sa mort, comme vous pouvez le voir, la photo de Daria est barrée de l'inscription "exterminée"», a-t-il souligné, montrant au public la photo du site, qui publie régulièrement, entre autres, des photos de soldats russes tués en Ukraine. Il a cependant précisé que Moscou avait pris note de la condamnation de ce crime par le représentant officiel du département d'Etat américain.