Dans un document de 84 pages adressé le mois dernier au régulateur boursier américain (SEC), au ministère de la Justice des Etats-Unis (DOJ) et à l'autorité américaine de la concurrence (FTC), révélé ce 23 août par leWashington Post et CNN, l'ancien chef de la sécurité de Twitter Peiter Zatko dénonce des «défaillances graves et choquantes, de l'ignorance volontaire et des menaces à la sécurité nationale et à la démocratie».
Peiter Zatko, qui se présente comme un lanceur d'alerte, évoque dans sa plainte des serveurs obsolètes, des logiciels vulnérables aux attaques informatiques et affirme que les dirigeants de Twitter ont cherché à masquer le nombre de tentatives de piratages aux autorités américaines ainsi qu'aux membres du conseil d'administration.
Ces manquements, affirme l'ancien responsable, ont rendu le réseau social particulièrement exposé aux cyberattaques d'acteurs étatiques étrangers qui veulent mettre en péril la sécurité nationale américaine. Peiter Zatko affirme également que l'entreprise n'a eu de cesse de privilégier la croissance de son nombre d'utilisateurs à la lutte contre les spams et les bots.
Il qualifie ainsi de mensonge un tweet publié en mai par le patron de la plateforme, Parag Agrawal, dans lequel le dirigeant assurait que Twitter faisait tout pour déceler et retirer les spams aussi vite que possible.
La question des faux comptes est au cœur de la bataille judiciaire qui oppose Twitter à Elon Musk, le milliardaire ayant accusé à de multiples reprises l'entreprise de minimiser la proportion de faux comptes et de spams, évaluée à 5% par la plateforme. Elon Musk compte sur cet argument pour justifier l'abandon, début juillet, de son projet de rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars et éviter de payer des indemnités de rupture.
Le Sénat américain veut entendre Peiter Zatko
Selon le Washington Post et CNN, le comité du renseignement du Sénat américain souhaite s'entretenir avec Peiter Zatko pour discuter de ses accusations. Le comité judiciaire de la chambre haute a également fait part de son intérêt.
Son président, Dick Durbin, a estimé que «les allégations du lanceur d'alerte concernant des failles sécuritaires généralisées chez Twitter, des présentations délibérément erronées de la part de cadres dirigeants à des agences gouvernementales et l'infiltration de l'entreprise par des services de renseignement étrangers suscitent de sérieuses inquiétudes».
«Si ces accusations sont exactes, elles peuvent faire craindre des risques pour la protection des données et la sécurité des utilisateurs de Twitter dans le monde», a ajouté l'élu démocrate dans un communiqué.
Twitter a, dans un communiqué transmis à l'AFP, assuré que la sécurité et la protection des données faisaient partie de ses priorités. Pour le groupe, la plainte est «truffée d'incohérences et d'imprécisions». L'entreprise a aussi accusé son ancien responsable d'opportunisme visant à «porter atteinte à Twitter, ses clients et ses actionnaires».