Le site lusophone d'informations SAPO affirme le 19 août que le Portugal pourrait s'opposer à l'interdiction pour les touristes russes de voyager dans l'UE, une proposition qui sera discutée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères européens prévue les 30 et 31 août à Prague.
Contacté par le média, le ministère portugais des Affaires étrangères a ainsi déclaré : «Le Portugal considère que l'objectif fondamental du régime de sanctions devrait être de pénaliser la machine de guerre russe et non le peuple russe.» Selon la même source, le ministère a néanmoins ajouté que le Portugal «participera[it] à la discussion qui pourrait éventuellement avoir lieu, au niveau européen, sur le sujet, en contribuant à une position unie des États membres de l'UE, comme [il l'a] toujours fait».
L'Union européenne divisée
Depuis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé à la fermeture des frontières de l'Union européenne pour les Russes, dans une interview au Washington Post le 8 août, certains dirigeants politiques des 27 ont fait pression sur l'UE pour interdire les touristes russes.
Mais l'idée de sanctionner les touristes russes en réaction au conflit militaire en Ukraine, où la Russie est une des parties prenantes, génère des désaccords entre pays européens. «Les Russes ordinaires n'ont pas commencé la guerre mais, en même temps, nous devons comprendre qu'ils soutiennent la guerre», a par exemple déclaré le Premier ministre finlandais, Sanna Marin, à l'issue d'une réunion entre les chefs des gouvernements nordiques et allemand.
«Il n'est pas juste que les citoyens russes puissent entrer en Europe, dans l'espace Schengen, être touristes [...] pendant que la Russie tue des gens en Ukraine», a-t-elle également ajouté. Une position partagée par la Lettonie et l'Estonie, qui veulent mettre un terme au tourisme russe dans l'UE.
Si la Suède a expliqué n'avoir pour l'heure pas de position arrêtée sur la question, le Danemark a mis en garde contre un ébranlement de l'unité européenne sur le dossier ukrainien. Depuis le début des hostilités en Ukraine, l'UE a adopté six trains de sanctions contre Moscou, dont l'arrêt progressif de ses achats de charbon et de pétrole. Elle a également inscrit plus d'un millier de Russes sur sa liste noire des personnes interdites d'entrée, et restreint les délivrances de visas de court séjour pour les responsables liés au gouvernement russe.
SAPO affirme à ce titre que l'Allemagne s'opposerait aussi au bannissement des touristes russes. «Il y a beaucoup de gens qui fuient la Russie parce qu'ils sont en désaccord avec le régime russe», avait déclaré à ce sujet Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Oslo en début de semaine.
De son côté, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a regretté, le 20 août lors de la réunion plénière du premier Congrès international antifasciste, que «l'idée russophobe d’interdire à tous les citoyens russes d’entrer dans les pays de l’Union européenne [soit] activement promue depuis les hautes tribunes européennes», qualifiant cette décision d'«acte frappant de la politique nazie».