La police a annoncé ce 19 août avoir reçu une plainte contre Mahmoud Abbas pour «relativisation de la Shoah» en lien avec ses déclarations lors d'une conférence de presse commune le 16 août avec le chancelier Olaf Scholz, a fait savoir une porte-parole de la police à l'AFP.
Le président de l'Autorité palestinienne avait alors comparé la politique israélienne envers les Palestiniens à celle de l'Allemagne nazie envers les juifs, déclenchant une vague d'indignation essentiellement en Allemagne et en Israël. Le commissariat spécialisé de la police judiciaire du Land de Berlin a entamé une enquête pour «incitation à la haine», dont il prévoit d'informer «prochainement» le parquet, qui décidera ou non de donner suite, a précisé la porte-parole.
La procédure risque toutefois de tourner court car Mahmoud Abbas devrait être protégé par l'immunité en vertu du droit international, a estimé le ministère des Affaires étrangères. «Et ce parce qu'il s'agissait d'une visite officielle et dans sa fonction en tant que représentant de l'Autorité autonome palestinienne, et même si l'Allemagne ne reconnaît pas à ce stade la Palestine comme Etat», a déclaré un porte-parole, Christofer Burger, lors d'une conférence de presse régulière.
Une «campagne injustifiée» contre Mahmoud Abbas ?
Plus de 130 pays reconnaissent la Palestine en tant qu'Etat, mais pas l'Allemagne, comme la plupart des pays occidentaux. Berlin a toutefois noué des relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne.
«De 1947 à aujourd'hui, Israël a commis 50 massacres dans 50 villes palestiniennes [...], 50 massacres, 50 holocaustes et encore aujourd'hui il y a chaque jour des morts causées par l'armée israélienne», avait déclaré Mahmoud Abbas.
«Pire crime haineux de l’ère moderne
Il répondait à une question sur l'attentat commis lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972, perpétré par un commando palestinien et qui a coûté la vie à 11 athlètes israéliens. Le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, a dénoncé auprès de l'AFP une «campagne [...] injustifiée» contre le dirigeant de l'Autorité et le «projet national» palestinien.
«Nous affirmons que les positions du président et des dirigeants palestiniens sont claires sur l'ensemble de ces sujets et sont connues de tous», a-t-il ajouté en référence à la clarification le 17 août de Mahmoud Abbas, qui avait qualifié la Shoah de «pire crime haineux de l’ère moderne» et affirmé ne pas chercher à «nier sa singularité».