L'Union européenne a salué ce 22 juillet comme «un pas dans la bonne direction» l'accord pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes entériné à Istanbul et a appelé à sa «mise en œuvre rapide». L'Ukraine et la Russie ont en effet signé le même jour, avec la Turquie et l'ONU, un accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, prévoyant que des «couloirs sécurisés» permettront la circulation des navires marchands en mer Noire.
«L'accord d'Istanbul est un pas dans la bonne direction. Nous appelons à sa mise en œuvre rapide», a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell sur son compte Twitter – tout en dénonçant «l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie» qui, selon lui, a placé «des millions de personnes face au risque de famine».
«Il s'agit d'une étape cruciale dans les efforts visant à surmonter l'insécurité alimentaire mondiale causée par l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Son succès dépendra de la mise en œuvre rapide et de bonne foi de l'accord», a-t-il encore précisé.
Kiev a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports – Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk – et espère pouvoir accroître leur nombre à l'avenir. L'accord sera valable pendant «120 jours», soit quatre mois, le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes entassées dans les silos d'Ukraine alors qu'une nouvelle récolte approche.
«L'UE reste déterminée à aider l'Ukraine à acheminer le plus rapidement possible la plus grande partie de ses céréales vers les marchés mondiaux», a souligné Josep Borrell. Le chef de la diplomatie européenne a accusé la Russie de détruire délibérément les infrastructures et équipements agricoles et de transport de l'Ukraine, de provoquer des pénuries de carburant et de créer des problèmes de chaîne d'approvisionnement alimentaire dans le monde entier en bloquant les ports ukrainiens et en pillant les céréales ukrainiennes. Des affirmations maintes fois battues en brèche par Moscou.
Le Royaume-Uni a quant à lui annoncé que Londres veillerait à ce que la Russie tienne ses engagements après la signature par Kiev et Moscou, a assuré la chef de la diplomatie Liz Truss. «Cet accord doit être mis en œuvre et nous veillerons, pour nous assurer que que les actes de la Russie correspondent à ses paroles», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La Turquie prête à aider au déminage de la mer Noire
La Turquie s'est dite dans la foulée «prête» à aider au déminage en mer Noire pour faciliter l'exportation des céréales ukrainiennes, après la signature d'un accord à Istanbul sur le transport des céréales depuis les ports ukrainiens. «En cas de besoin, il est prévu [par l'accord] qu'un déminage puisse être assuré par un pays tiers. La Turquie est prête à offrir son aide», a déclaré sur la chaîne privée NTV le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin.
La Russie a assuré également qu'elle n'essayerait pas de profiter militairement d'opérations de déminage des ports ukrainiens après l'accord sur les céréales ukrainiennes, tout en affirmant que les conditions étaient réunies pour une application du texte «dans les prochains jours».
«Nous ne profiterons pas du fait que ces ports [ukrainiens] soient déminés et ouverts. Nous avons pris cet engagement», a déclaré Sergueï Choïgou après la signature, lors d'une prise de parole diffusée à la télévision russe. «Nous avons tous les prérequis et solutions pour que le processus démarre dans les prochains jours. Il n'agit pas seulement de l'exportation des produits agricoles depuis les ports ukrainiens, mais évidemment aussi de l'export des produits agricoles et d'engrais depuis les ports russes», a ajouté le ministre russe de la Défense.
Dans un communiqué distinct, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a promis que Moscou remplirait ses obligations, tout en jugeant «inacceptable» que les Etats-Unis et leurs alliés utilisent, selon lui, «la production alimentaire au profit d'une entreprise géopolitique».