France

Une enquête ouverte par le parquet pour harcèlement et agression sexuelle dans l'affaire Coquerel

Le parquet de Paris a expliqué avoir ouvert une enquête le 12 juillet pour harcèlement et agression sexuelle concernant la plainte déposée par Sophie Tissier contre Eric Coquerel. Ce dernier a encore récemment fustigé des «rumeurs infondées».

Une enquête a été ouverte le 12 juillet pour harcèlement et agression sexuelle afin d'examiner la plainte déposée par la militante de gauche Sophie Tissier contre le président LFI de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel, a indiqué le 13 juillet le parquet de Paris sollicité par l'AFP.

Sophie Tissier, ancienne figure des Gilets jaunes âgée de 43 ans, dénonce dans sa plainte, déposée début juillet, des faits «pouvant s'apparenter à une agression sexuelle» datant du 23 août 2014 à Grenoble, qui aurait été commise par Eric Coquerel, ce qu'il conteste.

Le délai maximum étant de six ans pour porter plainte en cas de délit, les faits pourraient être prescrits. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP). L'enquête ne concerne, pour l'instant, que la plainte de Sophie Tissier, selon deux sources proches du dossier.

La militante avait expliqué à l'AFP avoir été «méprisée» par le parti La France insoumise (LFI) «depuis des années» et fait état des «conséquences terribles» sur sa vie et son parcours de militante depuis les «agissements» d'Eric Coquerel, lors d'une soirée en 2014.

«Je suis soulagée que le parquet prenne au sérieux ma plainte et ouvre une enquête. C'est un signal fort envers les femmes, pour que nous puissions continuer d'exister dans l'espace public sans restreindre la liberté de notre parole quand elle appelle à la justice», a réagi Sophie Tissier sur Twitter.

Cette enquête va permettre de «libérer la parole et d'entendre l'auteur», a réagi auprès de l'AFP son avocat, Me Étienne Lesage.

Sophie Tissier avait dénoncé, sur BFMTV, «des gestes déplacés, des mains baladeuses» lors d'une soirée organisée par le parti en 2014, évoquant «un regard salace, gluant», «une drague lourdingue» et un comportement «outrancier, offensant, harcelant» de la part du député. Selon Sophie Tissier, Eric Coquerel lui aurait adressé en outre des textos lui proposant de l'emmener à son hôtel. Elle avait aussi affirmé avoir effectué un signalement au comité de suivi des violences sexuelles (CVSS) de LFI.

Des accusations jugées opportunistes par Eric Coquerel

La militante avait rendu publiques ses accusations contre Eric Coquerel juste après son accession le 30 juin au poste stratégique de président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Ses accusations ont été «opportunément relayée(s) sans retenue, ni enquête, ni vérifications d'aucune sorte» et ont «permis de "faire parler d'autre chose"», avait réagi le 3 juillet le haut responsable de LFI sur BFMTV, s'en prenant notamment à un journaliste de la chaîne. Eric Coquerel a reçu en outre le soutien répété de Jean-Luc Mélenchon. «[Il] n'est coupable de rien du tout» et «fait l'objet d'une rumeur et d'une opération politique», a dénoncé le chef des Insoumis.

Cette enquête est «la suite logique d'une plainte» et «ce n'est pas une ligne rouge» étant donné que la plaignante «a estimé que ce n'était pas "suffisamment grave"» auprès de Mediapart, a balayé de son côté l'entourage de LFI.

«C'est une suite logique de la procédure pénale», a ajouté dans la soirée auprès de l'AFP l'avocate d'Eric Coquerel, Me Olivia Ronen. «Eric Coquerel se tient à disposition des enquêteurs et saisira si nécessaire l'opportunité d'être enfin confronté à une accusation précise pour pouvoir contester les faits qui lui sont reprochés», a-t-elle ajouté.

L'ouverture de cette enquête intervient alors que LFI fait l'objet de critiques sur sa gestion en interne des accusations de violences sexuelles.