Il avait été accusé de fuir ses responsabilités en accusant les supporters anglais, le voilà désormais qui change de discours et met l'accent sur la délinquance. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a présenté le 28 juin des excuses aux supporters «qui ont subi cette mauvaise gestion» lors du chaos autour du Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions, fin mai.
«Est-ce que le Stade de France aurait pu être mieux géré ? La réponse est oui. Est-ce que j'ai une part de responsabilité ? La réponse est oui», a reconnu le ministre qui a battu sa coulpe de bon matin sur RTL.
Cap sur la lutte anti-délinquance
Le ministre avait déjà présenté des excuses le premier juin devant une commission d'enquête du Sénat pour l'usage disproportionné de gaz lacrymogènes. Sa prestation ce jour-là avait fait l'objet de nombreuses critiques puisqu'il avait de nouveau attribué le chaos à la présence massive de supporters avec des faux billets ou sans billets tandis que ses détracteurs pointaient du doigt la violence de délinquants de banlieue et de clandestins venus en masse aux abords du stade pour détrousser les supporters et tenter de s'incruster pour voir le match.
«30 000 à 40 000 supporters», principalement anglais, porteurs de faux billets ou démunis de billets étaient présents autour du Stade de France selon la version initiale très controversée du ministre de l'Intérieur.
Cette version avait été fragilisée devant le Sénat notamment par l'audition d'un haut cadre de l'UEFA, qui avait mentionné 2 600 billets rapportés aux tourniquets, et rendait peu probable les chiffres annoncées par les autorités. Interrogé de nouveau sur la question des billets, Gérald Darmanin ne s'est pas attardé dessus : «Encore une fois, la question du State de France c'est essentiellement la question de la revue de notre lutte contre la délinquance», a-t-il assuré.
Je m'excuse bien volontiers [auprès de] tous ceux qui ont subi cette mauvaise gestion
La violence des policiers, les failles du périmètre de sécurité et l'incompétence des stadiers recrutés à la hâte pour cette finale improvisée (qui devait originellement se dérouler à Saint-Pétersbourg en Russie) avaient été aussi largement mis en exergue.
«Je m'excuse bien volontiers [auprès de] tous ceux qui ont subi cette mauvaise gestion», a-t-il ajouté, en direction des supporters de Liverpool aspergés de gaz lacrymogènes par la police ou agressés et volés (tout comme des supporters du Real Madrid) à l'issue du match, le 28 mai. «S'il y a quelque chose qui s'est mal passé au Stade de France, c'est la lutte contre la délinquance», a-t-il déclaré.
Pas de condamnation des agissements de Lallement
Aussi dans le viseur de ceux qui réclament des comptes, le préfet de Police Didier Lallement dont le ministre de l'Intérieur estime qu'il a «fait son travail ce soir-là». Il a refusé d'évoquer une éventuelle révocation du haut fonctionnaire, eut égard à la «période électorale» en cours. «La question des personnes viendra après, le préfet de police a fait son travail ce soir-là, mais il est certain qu'on a un changement d'organisation à faire, ça ne veut pas dire évidemment que l'on doit s'en prendre à telle ou telle personne», a-t-il dit.
Il s'est par ailleurs réjoui que d'autres matchs importants aient eu lieu depuis sans incidents. «J'ai pris des dispositions qui ont changé profondément [l'organisation de] la préfecture de police autour du Stade de France», a-t-il ajouté. Plusieurs analystes attribuent une partie de la déconfiture de la Macronie aux élections législatives à l'épisode du Stade de France et ses remous.