France

Stade de France : la destruction des images de vidéosurveillance fait scandale

La destruction des images de vidéosurveillance du Stade de France le 28 mai a fait réagir la classe politique. La justice ne les aurait demandées que le 9 juin, alors que la FFF a assuré que la suppression était automatique au bout de sept jours.

Les images des caméras de vidéosurveillance gérées par le Stade de France lors de la finale chaotique de la Ligue des champions le 28 mai entre Liverpool et le Real Madrid n'ont pas été conservées, mais la préfecture de police a affirmé avoir toujours les siennes, a appris l'AFP le 9 juin lors des auditions par le Sénat et auprès de la PP.

«Les images en possession de la [préfecture de police] sont évidemment toujours à la disposition de la justice, dans le cadre de réquisitions dressées dans une enquête pénale. Ne confondons pas images de la police et images d'un opérateur privé», a en effet tweeté dans la soirée la préfecture de police. Ces images sont conservées pendant trente jours.

Mais la suppression automatique des images de vidéosurveillance du Stade de France a toutefois heurté les sénateurs auditionnant la Fédération Française de Footbal (FFF). Erwan Le Prévost, le directeur des affaires institutionnelles de la FFF, a en effet expliqué que les images filmées autour du Stade de France avaient été détruites au bout de sept jours, faute d'une réquisition de la justice. Sa déclaration a suscité la surprise et l'incompréhension de plusieurs sénateurs, dont David Assouline (Parti socialiste) qui a demandé qui était censé les réquisitionner : «Il y avait des images, il y avait des caméras. Monsieur les a vues et a dit qu'elles étaient extrêmement violentes et comme il n'y a pas eu de réquisition à sept jours elles ont été détruites. Je trouve cela tellement aberrant que je pose la question : qui devait agir pour qu'elles ne soient pas détruites et faire la réquisition ?»

Une suppression d'images qui a également heurté le maire de Liverpool : «C’est la première fois que j’entends cette information des images de vidéosurveillance détruites. C’est vraiment inquiétant […]. Il est essentiel de récolter l’ensemble des preuves pour l’enquête. Il y a un vrai problème. Je suis véritablement choqué», a déclaré Steve Rotheram auprès de Public Sénat.

Marine Le Pen (Rassemblement national), a pour sa part fustigé l'«incompétence» des autorités : «Les images de vidéosurveillance du Stade de France ont été supprimées, faute d’avoir été réclamées par la justice. Je n’ose pas croire que ceux qui nous dirigent soient à ce point incompétents. Toute la lumière doit être faite sur cette affaire», a-t-elle tweeté.

«Ça s’appelle couvrir ses traces», a-t-elle également réagi sur BFMTV et RMC: «Je n'ose pas imaginer que nos dirigeants soient incompétents au point de ne pas avoir immédiatement, compte tenu de l'écho que cette affaire du Stade France a eu, [...] demandé que leur soient transmises les vidéos surveillance. Donc c’est volontaire [et] c’est une destruction de preuves par inaction», a-t-elle ajouté.

Florian Philippot, président des Patriotes, a dénoncé sur son compte Twitter un «scandale inouï» : «La FFF révèle devant le Sénat que "les images de vidéosurveillance du stade de France ont été automatiquement détruites" car la justice n'a pas fait de réquisition ! Ou comment détruire des preuves du mensonge d’Etat : insupportable !»

Le président de l'Union Populaire Républicaine (UPR), François Asselineau, n'a pas hésité quant à lui à parler de «destruction de preuves».

Une assertion partagée en outre par le sénateur (ex-Rassemblement national) Stéphane Ravier : «Si le gouvernement avait des choses à cacher, il ne s'y prendrait pas autrement...»

La destruction des images est automatique passé un délai de sept jours, faute de sollicitation judiciaire, selon la FFF elle-même. Une information du Monde, confirmée par RMC Sport, affirme qu'une demande a bien été introduite le 9 juin, soit douze jours après la finale de la Ligue des Champions.