France

Déficit public : Bruxelles accorde un délai supplémentaire de deux ans à la France

Les ministres des finances européens se sont réunis ce mardi à Bruxelles pour discuter des cas grec et français. Ils ont accordé à la France une nouvelle extension de délai pour ramener son déficit public sous la barre des 3 %.

Depuis 2009, c’est la troisième fois que la France obtient un tel sursis.

Quelques voix se sont élevées pour dénoncer un traitement de faveur. "Certains ont exprimé des réserves" s’est contenté de déclarer le ministre letton des Finances, Janis Reirs, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE en ce moment. Les responsables politiques les plus conservateurs auraient préféré sanctionner Paris pour n’avoir pas effectué les réformes nécessaires. Mario Draghi, le président de la BCE aurait également fait savoir qu’il jugeait  trop clémente avec Paris.

Dans une interview au Figaro, Pierre Moscovici, commissaire européen à l'Économie avertit quant à lui que la France «ne peut plus être le pays de l'euro qui a le plus mauvais résultat dans ses finances publiques» et souligne que «l’effort de réformes de la France» n'est «pas suffisant pour réduire les déséquilibres de l'économie».

Entre 2011 et 2014 la France a réduit son déficit budgétaire de 5,1 % à 4,4 %, et doit le ramener à 3,4 % l’an prochain et 2,8 % en 2017 pour répondre aux objectifs de Bruxelles. «C’était la trajectoire que la France s’était fixée à elle-même», a commenté le ministre français des Finances, Michel Sapin en marge de la réunion, qui s'est félicité que les deux approches «convergent».

L’adoption de cette date-butoir est malgré tout actée, mais la commission appelle en retour les autorités françaises à fournir des efforts supplémentaires. "La France s'engage à respecter ses engagements" et arrivera bien à ces 0,5% supplémentaires, a ajouté Michel Sapin.

«Ce ne sont pas des réformes qui nous sont imposées. Nous faisons des réformes en France parce que c'est bon pour la France», a déclaré le ministre, en insistant sur le fait que «l'Europe est là pour nous aider, elle n'est pas là pour nous punir». Pierre Moscovici va dans le même sens en rappelant que « n'est pas faite pour punir ou sanctionner mais pour faire changer les choses, pour faire baisser le chômage, pour inciter la France à réduire ses déficits » tout en ajoutant que «ce n'est pas à la commission de dicter les décisions de la France».

La Commission jugera dans trois mois, en juin, les mesures évoquées par la France seront suivies d'effets. Elle pourrait, dans le cas contraire, donner une nouvelle recommandation assortie de sanctions. Pierre Moscovici prévient de cette façon : «On est ni laxiste, ni sévère on est juste», avant de concéder que «les sanctions sont possibles si les efforts ne sont pas faits».