Marine Le Pen a relancé sa demande d'une «taxation exceptionnelle», notamment des pétroliers, pour «soutenir le pouvoir d'achat», invoquant ce 27 mai, dans son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), l'exemple de la Hongrie, dont elle avait rencontré le Premier ministre à Paris dans la matinée. La chef de file du Rassemblement national (RN) a indiqué avoir discuté avec Viktor Orban du conflit en Ukraine et des «conséquences des sanctions [contre la Russie] qui sont réclamées par l'Union européenne sur le pouvoir d’achat de nos compatriotes respectifs», pointant la «gravité [de la] situation économique et sociale de l’Europe».
Il faut que nous continuions à réclamer cette taxation exceptionnelle de ceux qui [...] profitent en réalité de la crise économique
Le Premier ministre hongrois a choisi «de mettre en place une taxation sur les super profits d’un certain nombre de secteurs économiques, au premier rang duquel le secteur pétrolier, pour pouvoir abonder un fonds pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages», a-t-elle développé. «Il faut que nous continuions à réclamer cette taxation exceptionnelle de ceux qui [...] profitent en réalité de la crise économique», a-t-elle ajouté, reprenant une proposition qu'elle avait émise en campagne pour la présidentielle.
La rencontre avec le dirigeant hongrois s'est tenue dans la matinée à l’ambassade de Hongrie à Paris, avait annoncé Marine Le Pen sur Twitter. Alors que l'Union européenne a échoué pour l'instant à faire accepter un sixième paquet de sanctions – incluant un embargo sur le pétrole russe – en raison du blocage de la Hongrie et la réticence d'autres pays, l'Elysée a récemment fait savoir qu'il gardait l'espoir d'un accord que Viktor Orban a lui qualifié de «très improbable». Le président russe Vladimir Poutine avait estimé plus tôt que l'économie russe «résist[ait] très bien» à la batterie de sanctions prises contre elle, malgré des difficultés rencontrées nécessitant l'intervention de l'Etat.
Londres a déjà imposé une taxation temporaire de 25% sur les bénéfices énergétiques
Le Royaume-Uni a lui aussi décidé d'imposer une taxation sur les bénéfices des géants pétroliers pour financer des milliards de livres d'aides face à la flambée du coût de la vie, après avoir refusé de le faire pendant des semaines. Le ministre des Finances Rishi Sunak a en effet dévoilé le 26 mai au Parlement un paquet d'aides de 15 milliards de livres pour les ménages les plus défavorisés, face à une inflation au plus haut en 40 ans, à 9% sur un an en avril.
Rishi Sunak a affirmé à Westminster que grâce à ces mesures, les Britanniques les plus modestes «sentiront le poids [de l'inflation] s'apaiser». D'après un communiqué du Trésor britannique, «près d'un ménage sur 8 parmi les plus vulnérables au Royaume-Uni recevra au moins 1 200 livres cette année, y compris un paiement unique de 650 livres face au coût de la vie, une hausse du revenu minimal de 400 livres et un doublement de la réduction sur les factures énergétiques». Au total, avec les mesures évaluées à 22 milliards de livres déjà annoncées, le total des aides face «au coût de la vie pour les ménages à bas revenus atteint 37 milliards de livres cette année», relève le Trésor.
Ces mesures seront notamment financées par une taxe «temporaire de 25% sur les bénéfices énergétiques pour les entreprises de pétrole et gaz, reflétant leurs profits extraordinaires» depuis le début du conflit ukrainien. Elle devrait permettre de lever 5 milliards de livres, selon le Trésor, qui précise cependant qu'elle pourra être largement réduite grâce à une «super réduction» si les géants énergétiques visés investissent dans de nouvelles sources d'énergie.