France

Maintenue sept heures en garde à vue pour une action de braquage de chaises contre l’évasion fiscale

L’idée est insolite : des citoyens veulent sensibiliser l’opinion en volant des chaises dans des banques françaises qui pratiquent l’exil fiscal. Mais l’action de désobéissance civile a coûté une longue garde à vue à l’une des participantes.

Ils se présentent comme les «faucheurs de chaises». Leur objectif ? Récolter 196 chaises : une pour chaque Etat représenté aux négociations COP21, qui visent à lutter contre le changement climatique. Mais les activistes ne chassent pas n’importe où ; ils s'en prennent uniquement aux banques qui possèdent des filiales offshore pour fuir l'impôt, tentant ainsi de sensibiliser l’opinion sur leur message : «l’argent pour le climat existe dans les paradis fiscaux».

Mais la police est visiblement peu réceptive à l’opération de désobéissance civile. Ce 5 novembre, une dame de 59 ans a donc été arrêtée à son domicile et placée en garde à vue durant sept heures, en raison de sa participation à un «braquage de chaise» dans l’agence de la Société générale de Bordeaux. La banque avait en effet déposé plainte pour vol en réunion…

Une perquisition a alors été menée au domicile de la suspecte, afin d’y retrouver les objets dérobés, qui ne s'y trouvaient pas. La police a fini par relâcher la dame, qui a refusé de divulguer le nom de ses complices braqueurs, tout en indiquant poursuivre l'enquête.

Un membre de son entourage s'est offusqué auprès du magazine français d'actualité Basta, expliquant : «les moyens déployés suite à cette réquisition de chaises sont ahurissants, (…) on aimerait une réaction aussi incisive pour lutter contre l’évasion fiscale». «On voit qu’il y a deux poids deux mesures selon qu’on réquisitionne des chaises à visage découvert, où qu’on vole des milliards», s'est quant à lui insurgé le porte-parole d’Action non-violente COP21, une organisation proche du mouvement des faucheurs.

Selon un rapport du syndicat national Solidaires-Finances Publiques datant de 2012, la fraude fiscale coûterait annuellement entre 60 et 80 millions d’euros au gouvernement français. Selon l’organisation internationale indépendante Tax Justice Network, qui lutte contre cette pratique, la Société générale ne serait pas en reste puisqu’elle aurait récemment «multiplié par trois le nombre de ses filiales situées dans des paradis fiscaux».

L’appel à ces braquages citoyens a été lancé sur les réseaux sociaux par différentes associations de défense de l'environnement, notamment autour du hashtag #FaucheursDeChaises. Sur l’objectif de 196, 132 ont pour l'instant été dérobées.