France

Union de la gauche : Fabien Roussel affiche son hostilité à la candidature de Taha Bouhafs

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel estime que l'investiture du journaliste et militant Taha Bouhafs à Vénissieux sous la bannière de la toute récente union de la gauche pose «un problème» en raison de sa condamnation pour injure raciale.

Deux jours après la célébration en grande pompe de l'union des principaux partis de gauche pour les législatives organisées à Aubervilliers le 7 mai, les divergences se révèlent déjà sur les candidats et les investitures. 

«Je ne comprends pas que La France insoumise puisse présenter quelqu'un sous ses couleurs qui a été condamné en première instance pour injures raciales», avait déclaré sur France 3 le secrétaire national du PCF Fabien Roussel au sujet de Taha Bouhafs, candidat controversé investi par LFI dans la 14e circonscription du Rhône.

Ce dernier, journaliste et militant, a été condamné en première instance en septembre dernier à 1 500 euros d'amende notamment pour injure publique, pour avoir traité la syndicaliste policière Linda Kebab d'«Arabe de service». Un jugement contre lequel Taha Bouahf a fait appel.

La maire PCF de la ville, Michèle Picard, qui est hostile à l'alliance de gauche, a déclaré le 4 mai qu'elle se présenterait contre lui. «Ici dans la 14e circonscription, il y a un parachutage discutable face à quelqu'un qui connaît très bien le territoire», avait-elle prévenu

«Je comprends parfaitement la colère et la candidature de Michèle Picard et nous avons dit à La France insoumise qu'il y avait un problème, nous continuons de discuter avec eux», a déclaré Fabien Roussel. Cette circonscription a pourtant été réservée à LFI par l'accord de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), un point qui n'a pas échappé à l'avocat de Taha Bouhafs : «Bonjour Fabien Roussel, on peut comprendre que les jeunes Arabes des quartiers populaires qui militent contre le racisme dans la police, ça vous horripile. En revanche violer un accord électoral entraîne des conséquences lourdes», a écrit Arié Alimi sur Twitter. 

L'AFP mentionne par ailleurs un tweet supprimé de Taha Bouhafs dans lequel le militant demande au PCF de «respecter l'accord qu['ils ont] signé et retirer [leur] candidate cumularde».

Pas question cependant de remettre en question l'alliance de la gauche, selon Fabien Roussel : «Nous allons continuer de défendre ce qui a fait notre originalité, notre différence, mais ce qui est le plus important, c'est que nous nous soyons mis d'accord sur des mesures d'urgence que les Français attendent», a-t-il dit.

Hors la gauche, la candidature de Taha Bouhafs, à l'origine de l'affaire Benalla entre autres, aurait interpellé le président de la République, qui se serait dit «abasourdi» par ce choix selon le Canard Enchaîné du 4 mai. Le syndicaliste policier Bruno Attal a lui aussi annoncé sa candidature sous l'étiquette Reconquête (le parti d'Eric Zemmour) dans la 14e circonscription du Rhône pour lui faire face au «raciste, antisémite et anti-flics Taha Bouhafs». À la suite de cette déclaration, Taha Bouhafs a promis au policier une «plainte en justice» et une «raclée électorale».

Taha Bouhafs devait par ailleurs faire face à un autre policier, Damien Monchau, conseiller municipal de Vénissieux et candidat RN dans la circonscription. «Etant son antithèse, je suis honoré de représenter le RN pour lui faire face», a-t-il déclaré à l'encontre du candidat de la gauche, le qualifiant au passage d'«anti-flic menteur et haineux». La circonscription avait été remportée par un candidat LREM en 2017.

Le 10 mai, le journaliste et militant a cependant annoncé dans un communiqué qu'il jetait l'éponge et renonçait à se présenter. Évoquant une «tempête d'attaques sans précédent», il a affirmé être privé du «droit d'exister politiquement» et d'avoir «sous-estimé la puissance de système lorsqu'il veut vous broyer». «J'ai été soutenu, pas assez pour tenir, mais assez pour être reconnaissant», a-t-il ajouté. Avant de conclure : «Continuez à vous battre. Pour ma part, j'ai essayé mais je n'y arrive plus.»

Jean-Luc Mélenchon a pris acte de ce retrait, dénonçant «une meute» qui s'est acharnée sur Taha Bouhafs par «des menaces de mort et des mises en cause publiques quotidiennes». «Je m'en veux de ne pas avoir su le réconforter autant que nécessaire», a ajouté l'Insoumis.