France

Paris: Extinction Rebellion dans la rue pour dénoncer un débat sur le climat «invisibilisé» (VIDEOS)

Des centaines d'activistes du groupe Extinction Rebellion ont occupé une partie des Grands Boulevards à Paris, afin d'en faire «une grande agora» pendant le week-end de Pâques, pour dénoncer «l'inaction» des dirigeants sur le climat.

Quelques centaines d'activistes du mouvement Extinction Rebellion se sont installés sur les Grands Boulevards parisiens le 16 avril pour interpeller les gouvernants sur le dérèglement climatique.

Sur environ 300 mètres des boulevards de Bonne-Nouvelle et Saint-Denis, des militants ont bloqué la circulation vers 9h45, installant rapidement une barricade de bottes de foin, et organisant des sit-in aux extrémités ainsi qu'au débouché des rues adjacentes. 

Nombre d'entre eux s'étaient attachés à de lourds récipients remplis de ciment, pour entraver une éventuelle évacuation, a expliqué l'un d'eux à l'AFP. En première ligne face à quelques CRS, une quinzaine faisaient face, assis en position de méditation.

La situation s'était détendue quelques heures plus tard, avec l'apparition de pianos, de hamacs, de toilettes rudimentaires... Des militants paressaient au soleil, tandis que d'autres esquissaient quelques pas de danse au centre de l'espace occupé, devant la vénérable Porte Saint-Denis construite en 1672.

Une grande banderole barrait la chaussée, tel un rideau de théâtre : «Ce monde se meurt, construisons le prochain». Parmi les autres slogans, «Se rebeller est notre devoir», tagué sur les passages piétons, ou «Aux arbres citoyens».

«C'est le seul moyen pour qu'on parle un peu du changement climatique», a expliqué à l'AFP Antoine – qui n'a pas voulu donner son nom de famille – jeune militant agitant comme beaucoup un drapeau coloré.

«Le Giec [le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] vient de nous dire qu'on n'a plus que trois ans pour réagir avant la catastrophe, et pas un mot dans la campagne [présidentielle]», s'est-il alarmé.

La police restait relativement discrète, contrôlant les accès et vérifiant le contenu de certains sacs.

Une brocante continuait sur un trottoir, une guide décrivait la Porte Saint-Denis à un petit groupe de touristes, les magasins restaient ouverts, tout comme les deux stations de métro du coin. La circulation automobile n'était que très peu perturbée en ce samedi 16 avril très calme.

«On a prévu de rester trois jours», jusqu'au 18 avril au soir, a indiqué une porte-parole à l'AFP, pour qui 1 000 militants étaient sur place.

Une action prévue depuis le mois de janvier

«Le processus électoral ne répond plus aux besoins de la population» en matière écologique, a-t-elle expliqué, estimant notamment que la convention citoyenne sur le climat avait tourné à la «mascarade».

Le programme transmis à la presse comprend des tables rondes, des projections de films, des concerts, et aussi du yoga, des séances de méditation et des apéritifs.

Cette action entre les deux tours de l'élection présidentielle a été décidée fin janvier, a précisé la porte-parole, qui dénonce le fait que le débat écologique ait été «invisibilisé». 

Extinction Rebellion revendique l'objectif d'«une autre démocratie qui ne soit pas construite autour du profit et de la croissance infinie, mais autour d'une justice écologique et sociale». «Nous rejetons les idées d'extrême droite, bien évidement», a tenu à préciser la porte-parole. 

«Le blocage et l'occupation de l'espace public vont s'intensifier», a-t-elle prévenu, insistant sur le caractère non violent du mouvement.

Extinction Rebellion est habituée des actions spectaculaires, destinées à attirer l'attention sur l'urgence climatique. L'organisation a récemment bloqué des ponts à Londres. Elle avait occupé la place du Châtelet, à Paris, pendant une semaine en octobre 2019.