Macron renvoyé à son rapport problématique avec la presse après ses attaques contre Le Pen

Macron renvoyé à son rapport problématique avec la presse après ses attaques contre Le Pen© CHARLES PLATIAU, JULIEN DE ROSA/AFP/POOL
Emmanuel Macron a accusé sa rivale de sélectionner les journalistes (image d'illustration).
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Le président sortant a accusé sa rivale d'imiter Victor Orban en décidant d'accréditer ou non des journalistes à ses réunions. Or, il a été rappelé au chef d'Etat qu'il a empêché durant son mandat des journalistes d'exercer leur métier.

«Elle fait la même chose qu'en Hongrie: réduire et dégrader les droits» : le danger que représenterait Marine Le Pen – qui a déjà affiché sa sympathie pour le dirigeant souverainiste Victor Orban – pour les libertés est l'un des angles d'attaques choisis par Emmanuel Macron, lors de son meeting de Strasbourg le 12 avril. Le président sortant a rebondi, à cette occasion, sur le choix de sa rivale de ne pas accréditer des journalistes de l'émission Quotidien (TMC) dans ses meetings ou réunions, au motif que celle-ci relèverait du «divertissement» et non d'un véritable travail d'information.

Une position que Marine Le Pen avait formulée au cours d'une conférence de presse du 12 avril, puis réaffirmé sur BFM TV le 13 avril : «Je considère que ce ne sont pas des journalistes», a assumé la candidate, affirmant que «le syndicat national des journalistes [SNJ] [...] avait refusé leurs cartes de presse aux journalistes de Quotidien il y a 10 ans», tandis que le présentateur, Yann Barthès, ne serait pas lui-même détenteur d'une carte de presse.

Emmanuel Macron est revenu à la charge dans la matinale de France 2 le 13 avril : «Quand la même personne, le même jour, dit "vous êtes journaliste, mais Monsieur ne l’est pas car il dit des choses qui ne me plaisent pas", on a le début d’une dérive autoritaire», a-t-il lancé. «Le vrai visage de l'extrême droite revient», a estimé le président-candidat, jugeant que sa rivale du second tour de la présidentielle menaçait «les libertés, le cadre constitutionnel, l'indépendance de la presse».

Défendre la liberté de la presse... à l'exception de RT France et d'autres médias ?

Cette sortie d'Emmanuel Macron a fait réagir plusieurs personnalités politiques, ainsi que des journalistes de RT France – interdite de diffusion, comme Sputnik, par l'Union européenne depuis début mars – qui n'ont pas manqué de rappeler le passif de la majorité présidentielle en matière de censure des médias et d'atteinte aux droits des journalistes.

N'oublions pas que décider qui est journaliste et qui ne l'est pas est largement pratiqué par le président Macron

«N'oublions pas que décider qui est journaliste et qui ne l'est pas est largement pratiqué par le président Macron», a fait remarquer la présidente de RT France, Xenia Fedorova. Rappelant que «RT France, depuis le début de son activité, a été bannie de l'Elysée», elle a souligné que les journalistes de la chaîne n'avaient jamais été autorisés à couvrir la campagne électorale du président sortant ou du parti présidentiel. 

«Nous [...] avons été empêchés d’accéder à l’Elysée, aux ministères et meetings LREM lors des cinq dernières années parce qu’ils avaient justement décidé que nous n’étions pas journalistes. Ils sont allés jusqu’au bannissement de notre chaîne. Il y a déjà dérive autoritaire», a abondé la journaliste de RT France Nadège Abderrazak sur Twitter.

Du côté des politiques, le président des Patriotes, Florian Philippot, a tweeté : «Je ne comprends pas comment ceux qui ont fermé du jour au lendemain deux médias, RT France et Sputnik, et mis sur le carreau 170 journalistes français, peuvent sérieusement "défendre la liberté d’expression"!». Il est à noter que si l'interdiction de diffusion de RT France vient de l'Union européenne et non de l'Elysée, le président français avait décrit à plusieurs occasions ce média comme un «organe de propagande». De plus, l'Elysée avait fait savoir fin février, peu avant l'annonce par l'Union européenne de l'interdiction de diffusion de RT sur son sol, que la France souhaitait «agir en coordination avec les partenaires européens» afin de «lutte[r] contre la propagande de la part d'influenceurs et de médias russes sur le sol européen». Or, pour rappel, la chaîne RT France n'a jamais été sanctionnée par l'Arcom (ex-CSA) ou plus largement poursuivie pour diffusion d'une fake news ou diffamation.

«C’est le même guignol qui sélectionne aussi les journalistes et a fait fermer deux médias (RT France et Sputnik) !», a ironisé le président de Génération Frexit, Charles-Henri Gallois.

«Il laisse les Gafam censurer et fermer les canaux de médias alternatifs. Et il dit ça !», a surenchéri l'essayiste souverainiste Philippe Murer.

S'agissant de la campagne en cours, le média en ligne Reporterre, spécialisé dans les thématiques écologiques, a lui aussi eu à déplorer un refus d'accréditation pour ses journalistes, alors que ceux-ci souhaitaient participer à l'unique meeting de campagne d'Emmanuel Macron organisé le 2 avril à la Défense. L'équipe de Reporterre avait alors dénoncé «une décision arbitraire contre la liberté de la presse et le droit du public à être informé».

Pour le même meeting, un journaliste de QG [Quartier général] qui n’avait pas reçu d’accréditation s’est même fait reconduire jusqu’au métro par les forces de l’ordre : «J’étais en train de filmer à l’extérieur sur la place publique et des policiers en civils m’ont dit de partir», a rapporté à Ouest-France le journaliste Adrien AdcaZz, expliquant avoir été reconnu comme étant un journaliste couvrant régulièrement les manifestations des Gilets jaunes. Le quotidien régional rappelle aussi l'épisode durant lequel, à peine arrivée au pouvoir en 2017, l’équipe d’Emmanuel Macron avait lancé un projet de fermer la salle de presse de l’Elysée donnant sur la cour d’honneur pour la déplacer dans une rue adjacente, avant d'y renoncer partiellement à la suite de protestations. Ladite salle avait cependant été amputée de la moitié de son espace pour créer un bureau pour les services de sécurité.

Un bilan peu reluisant en matière de liberté de la presse

Au-delà de la polémique entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, le bilan du quinquennat Macron n'est guère reluisant pour ce qui est de la liberté de la presse et des conditions d'exercice du métier de journaliste. En avril 2021, le Conseil de l'Europe, dont la France est un pays fondateur, avait alerté sur la situation de la liberté de la presse dans l'Hexagone et notamment sur le harcèlement dont les journalistes sont de plus en plus souvent victimes.

La France occupe pour la liberté de la presse la 34e position dans le classement établi par Reporters sans frontières.

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