La question de la responsabilité d'un massacre de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha a fait réagir la classe politique française, qui a clamé à l'unisson sa condamnation de ces actes, estimant que la Russie en était responsable. Pourtant, aucune enquête n'a pour l'heure établi la responsabilité de Moscou, qui pointe de son côté une «provocation» de Kiev.
Pour Macron, il est «à peu près établi que c'est l'armée russe»
Le président de la République Emmanuel Macron, à l'instar des dirigeants allemand et britannique, a évoqué dès le 3 avril des images «insoutenables» et affirmé sur Twitter que «les autorités russes devront répondre de ces crimes». Interviewé sur France Inter le 4 avril, il a cependant été moins affirmatif quant aux auteurs des exactions : évoquant des «indices très clairs de crimes de guerre», il a ajouté qu'il était selon lui «à peu près établi que c'est l'armée russe».
Les oppositions se sont jointes à cette condamnation par le chef de l'Etat : selon la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, il revient à l'ONU d'établir les responsabilités dans ce dossier, tandis que «la Russie, comme tout autre pays, ne devrait réintégrer le concert des nations sans que soient punis les coupables de crimes de guerre établis par la communauté internationale».
Son concurrent à droite, Eric Zemmour, a adopté une position similaire. Selon le candidat de Reconquête !, «les images de la ville de Boutcha révèlent au monde entier des atrocités commises par l'armée russe sur les populations civiles», et une enquête doit être menée en vue de punir les responsables.
Le candidat des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas été en reste dans ces condamnations, en qualifiant de «pure sauvagerie meurtrière» les crimes dont est accusée l'armée russe. «Ni oubli ni pardon», a-t-il ajouté.
Interviewé sur LCI le 4 avril, le candidat communiste Fabien Roussel a estimé, «face à ces horreurs et ces actes de torture», que «le plus important, c'est que ces faits soient réellement établis par la Cour pénale internationale», afin de pouvoir sanctionner les responsables.
Toujours à gauche de l'échiquier politique, l'écologiste Yannick Jadot a évoqué «l'horreur à Boutcha» et réaffirmé que «[Vladimir] Poutine est un dictateur et un criminel de guerre». «L’embargo s’impose pour que cessent les atrocités», a-t-il complété, en référence aux discussions menées au niveau européen au sujet d'un éventuel embargo sur les hydrocarbures en provenance de Russie.
Alors que Kiev a accusé les forces russes d'avoir tué plusieurs centaines de civils dans cette ville proche de la capitale, le ministère russe de la Défense a fermement démenti ces accusations le 3 avril, évoquant une «provocation». Moscou précise que l'armée russe a quitté Boutcha le 30 mars au «lendemain de la session de pourparlers entre la Russie et l'Ukraine en Turquie», et que dans un message vidéo publié le 31 mars, le maire de la ville n'a jamais évoqué la mort de civils.
Pour la Russie, les cadavres montrés en images ne peuvent pas être restés aussi longtemps dans la rue puisqu'«ils n'ont pas de lividités cadavériques typiques et que dans les plaies il y a du sang qui n’a pas coagulé».
L'agence Reuters a pour sa part précisé, le 4 avril, ne pas avoir été «en mesure de vérifier de manière indépendante qui était responsable de la mort des habitants décédés».