France

Fleur Pellerin élargit les aides à la presse... pas pour tout le monde

Alors que la ministre de la Culture souhaite élargir l'attribution de fonds publics à de nouveaux journaux, elle semble avoir trouvé le moyen pour que les titres se situant clairement dans l'opposition n'en bénéficient pas.

Déplorant que les aides publiques versées aux journaux pour le pluralisme de la presse et qui s'élèvent à 9 millions d'euros sont selon elle inéquitables, Fleur Pellerin a décidé de revoir les critères d'attribution. Le but ? Que des journaux et magazines tels que Le Monde diplomatique et évidemment Charlie Hebdo puissent en bénéficier au même titre que de grands quotidiens comme Libération ou l'Humanité.

Il s'agit en fait, d'aides directes  attribuées aux journaux «à faibles ressources publicitaires». Or, comme l'explique l'hebdomadaire Marianne, «seuls les quotidiens en bénéficient jusqu'alors», ce qui explique pourquoi un magazine comme Charlie Hebdo n'y a pas droit. La ministre souhaite donc aider la presse en élargissant les aides. Oui, mais pas pour tout le monde ! 

Car lorsqu'il s'agit de verser ces aides à des médias se plaçant idéologiquement clairement dans l'opposition (comprendre : très à droite de l'échiquier politique), la ministre semble avoir voulu installer des barrières filtrantes. Ainsi, des journaux tels que Valeurs actuelles ou encore l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol n'auront pas le droit à leur part du gâteau.

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Et c'est lors d'une intervention devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée Nationale que Fleur Pellerin a expliqué comment elle comptait s'y prendre : Ainsi, l'extension des aides au pluralisme de la presse, pourra en effet permettre à ce que plus de périodiques aient accès à ce soutien financier, à condition que le média en question n'ait jamais été condamné par la loi pour «incitation à la haine raciale».

Oublié donc Valeurs actuelles, qui avait en août 2013 sorti sa Une intitulée «Roms : l'overdose» qui avait fair pâlir et s'indigner la gauche et avait coûté en mars dernier à son patron, Yves de Kerdrel, une condamnation à 3 000 euros d'amende pour «provocation à la discrimination, à la haine ou la violence» ainsi que pour diffamation.

Il en va de même pour le quotidien d'extrême-droite Minute, qui avait affiché une caricature de Christiane Taubira, comparant la garde-des-sceaux à un singe, ce qui lui avait valu une amende de 10 000 euros pour «injure à caractère racial», condamnation qui avait été confirmée en septembre dernier par la cour d'appel de Paris. 

Et l'hebdomadaire Rivarol, d'extrême-droite également, mais entretenant depuis plusieurs années un conflit ouvert avec le Front national dont il juge les positions pas assez radicales et désormais «trop proches du système», n'échappera pas non plus à la punition, si la mesure de la ministre de la Communication venait à entrer réellement en vigueur.