Lors de la présentation de son programme qui s'est tenue devant un parterre de journalistes le 17 mars, le président-candidat Emmanuel Macron a critiqué l'interdiction de RFI et de France 24 au Mali en raison, selon Bamako, de «fausses allégations» d'exactions commises par l'armée malienne et rapportées par les deux médias français. Une intervention présidentielle qui n'a pas manqué de faire réagir des responsables politiques et des journalistes, moins de trois semaines après l'interdiction des médias RT France et Spuntik en France et dans toute l'Union européenne.
Emmanuel Macron s'est exprimé en ces termes : «Je condamne avec la plus grande fermeté cette décision qui me semble totalement contraire aux valeurs que portent le peuple malien et le Mali depuis son indépendance. Je pense que cette décision est grave, elle est conduite par une transition qui, je le rappelle, est le fruit de deux coups d'Etat, et elle est le signe d'une course en avant, vers le pire.»
Le député européen du Rassemblement national (RN) et ancien ministre Thierry Mariani a commenté avec ironie cette déclaration sur Twitter. «Oui, Macron à raison ! Interdire, sous prétexte qu’il est financé par l’étranger, un média qui diffuse des infos gênantes pour le pouvoir "c'est une course vers le pire". C’est pas en France avec Macron que ça risque d’arriver ! Pardon ?», s'est-il exclamé, en évoquant RT France et Sputnik.
Son collègue député européen Jean-Lin Lacapelle a relevé que le chef de l'Etat «"condamne avec la plus grande fermeté" la suspension de France 24 et de RFI au Mali, mais n'a rien trouvé à redire à la suspension des médias RT et Sputnik en France et en Europe». «Selon toute vraisemblance, le "en même temps" s'applique aussi à la liberté de la presse», a-t-il conclu en reprenant cette expression devenue un marqueur d'Emmanuel Macron.
Président du parti souverainiste Les Patriotes, Florian Philippot s'est étonné que «la France se [plaigne] de la fermeture au Mali de RFI et France24 deux semaines après voir fermé RT France et Sputnik ici». «En agissant comme les dictatures, on n’a plus aucune crédibilité ! Que Macron le tyran cesse de faire la leçon !», s'est-il exclamé.
«Très crédible», a commenté lui aussi avec ironie l'essayiste et économiste souverainiste Philippe Murer.
«Macron va aller se plaindre à la CEDEAO et à l'Union africaine de la coupure de RFI et France 24 au Mali, quelques jours après la coupure de RT et Sputnik en France. Euh, comment te dire, Manu...», a tweeté le journaliste du Média Théophile Kouamouo, en accompagnant son message d'une image animée demandant : «Es-tu sous l'empire de la drogue?»
Le journaliste de Marianne Jack Dion a lui aussi ironisé dans un tweet en affirmant : «C’est pas en France qu’on verrait des choses pareilles.»
L'éditorialiste Alexis Poulin, qui a participé à de nombreuses émissions et plateaux de RT France, a quant à lui simplement qualifié Emmanuel Macron de «Tartuffe».