Les oppositions politique réclament des comptes à Emmanuel Macron et le gouvernement qui ont fait appel de nombreuses fois au cabinet McKinsey.
La commission d'enquête du Sénat sur le recours par l'Etat aux cabinets de conseil a dénoncé dans son rapport publié le 17 mars un «phénomène tentaculaire», au coût croissant pour les finances publiques, et accusé les entités françaises de McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
«Emmanuel Macron doit s'expliquer», a immédiatement exigé sur Twitter la candidate Les Républicains à la présidentielle, Valérie Pécresse : «Comment pouvait-il ne pas le savoir ? Le président sortant doit rendre des comptes.»
Et Xavier Bertrand, un de ses conseillers, d'interroger : «Comment le gouvernement a pu confier une cinquantaine de missions à un cabinet qui ne paie pas d’impôts sur les sociétés depuis dix ans ? Pourquoi n’a-t-il pas procédé à ces vérifications ? Pourquoi faut-il attendre que le Sénat s’en saisisse ?»
Décidément ce gouvernement est pris dans le pot de miel des cabinets d'experts américains et de l'évasion fiscale
En marge d'une rencontre au Comité olympique français, le candidat écologiste (EELV) Yannick Jadot a dénoncé devant la presse «une dérive totale de la place des cabinets de conseil, y compris américains, qui sont au cœur des politiques publiques françaises», et les liens d'Emmanuel Macron avec «les lobbies».
«Décidément ce gouvernement est pris dans le pot de miel des cabinets d'experts américains et de l'évasion fiscale», a-t-il ajouté.
«Le cabinet de conseil a touché 10,8 millions d'euros du gouvernement rien qu'en 2020. Ils devraient être traînés devant des tribunaux. La Macronie préfère envoyer vos impôts au Delaware», a résumé dans un tweet le député de La France insoumise, François Ruffin.
Le candidat communiste (PCF) Fabien Roussel a également fustigé le président de la République sur Twitter : «2,4 milliards c’est la construction de 120 écoles ou de 26 hôpitaux. 2,4 milliards, c’est le salaire de 2 500 infirmières embauchées sur 40 ans. 2,4 milliards, c’est ce que [Emmanuel] Macron a donné à des cabinets de conseil dont certains pratiquent l’évasion fiscale. Honteux.»
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a estimé de son côté qu'«entre [les] prestations douteuses [du cabinet], ses liens étroits avec la macronie et son optimisation fiscale, il s'agit d'un énième scandale d’Etat».
«Copinage au plus haut sommet de l’Etat, scandaleuse optimisation fiscale : le scandale McKinsey illustre à merveille l’affaiblissement et le désarmement de l’Etat par Emmanuel Macron», écrit pour sa part Eric Zemmour.
Dans un document annexe au rapport consulté par l'AFP, les sénateurs écrivent que «le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés [IS] en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins dix ans, alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5% dans le secteur public, et qu’il y emploie environ 600 salariés».
A cet égard, certaines déclarations de Karim Tadjeddine, responsable du pôle «secteur public» du cabinet, lors de son audition sous serment devant la commission le 18 janvier, «sont susceptibles de constituer un faux témoignage devant une commission d’enquête [et] impliquent de signaler les faits au Procureur de la République».
Les sénateurs rappellent en particulier une affirmation de Karim Tadjeddine : «Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France.» Contacté par l'AFP, McKinsey n'a pas réagi dans l'immédiat.