La censure et les mesures discriminantes des GAFAs envers les médias financés par la Russie s'étendent à leurs journalistes... et anciens journalistes.
L'étiquette «médias affiliés à la Russie» imposée à des journalistes de RT France sur Twitter a été dénoncée par dans un communiqué intersyndical (SNJ, SNJ-CGT et la CFDT), intitulé «Twitter "étiquette" les journalistes sur leur compte personnel, à qui le tour ?».
«Un fichage et un affichage qui s'apparentent à une stigmatisation particulièrement grave sur un réseau social où les échanges peuvent être violents», écrivent les syndicats.
«Double peine pour les journalistes de RT France», dénoncent-ils également, soulignant aussi que «leur emploi [était] en danger».
Ces organisations relèvent que ce signalement touche également d'anciens journalistes de RT France. Les personnes concernées ne disposent d'aucun recours pour «s'y opposer ou même obtenir des explications de la part de Twitter», ajoutent-elles. «Alors que les journalistes de RT France sont déjà la cible de menaces de mort et d'insultes, cette étiquette collée d'autorité par Twitter les désigne encore plus distinctement et les met davantage en danger», reprochent les syndicats.
«Que Twitter se réserve la possibilité de marquer au fer rouge des journalistes est inquiétant pour ceux de RT France, mais également pour l'ensemble de la profession», poursuivent les organisations.
La présidente de RT France Xenia Fedorova a dénoncé une pratique de «name and shame» («nommer et couvrir de honte») de la part de la plateforme américaine.
Contacté par l'AFP, Twitter a affirmé «revoir et mettre à jour la liste de comptes labellisés en tant qu’affiliés à un Etat». «Nous avons appliqué le label à plusieurs comptes de journalistes qui relèvent de notre politique relative aux médias affiliés à un Etat», cette politique étant en vigueur depuis août 2020, selon une déclaration du réseau social transmise à l'AFP.
Peuvent être signalés par Twitter les médias que celui-ci considère – selon une politique arbitraire mise en place depuis deux années – «affiliés à un Etat»».
Ces médias, «leurs rédacteurs en chef et/ou des journalistes expérimentés» ainsi étiquetés «peuvent faire appel de la décision», a fait valoir Twitter. Sauf que les journalistes touchés par le label affirment qu'il leur est impossible de faire appel. Leur solution a finalement été de taguer Twitter sur le réseau social. Mais la plateforme est pour l'heure restée insensible aux requêtes des journalistes concernés par le fichage.
Un ancien reporter de RT France, Jonathan Moadab, qui avait été signalé par Twitter, avait rapporté le 3 mars dans un tweet avoir toutefois obtenu l'effacement de cette mention, après une intervention du secrétaire d'Etat au Numérique, Cédric O, auprès du réseau social.