France

Première réunion publique du candidat Macron : des échanges spontanés ou bien préparés ?

Pour son premier déplacement de campagne, Emmanuel Macron s'est rendu à Poissy le 7 mars pour un échange avec des Français présenté comme libre par son équipe. Selon France Inter, la rencontre aurait été au contraire soigneusement préparée.

Après avoir officialisé sa candidature par une Lettre aux Français, puis dévoilé un premier clip de campagne sous forme d'épisode de série, Emmanuel Macron s'est rendu sur le terrain le 7 mars à Poissy (Yvelines) pour échanger avec un «panel représentatif» d'environ 200 Français. La réunion devait prendre la forme d'un échange spontané, Emmanuel Macron se tenant au milieu des participants, sans estrade, et répondant directement aux interrogations des participants, le maire de Poissy, Karl Olive, assurant la circulation de la parole.

Or, selon France Inter, la conversation n'aurait pas été si spontanée. Le média affirme avoir récupéré les fiches que Karl Olive avait en main pendant la soirée : celles-ci montreraient que les questions étaient prévues et écrites en amont. Y figuraient le nom, l'âge, la profession des participants du panel, ainsi que le sujet abordé. Le média précise que les questions inscrites sur les fiches des participants ont été lues mot pour mot.

Contacté par la radio, le maire de Poissy (ex-Les Républicains) a affirmé qu'il s'agissait simplement de «thématiser au mieux» les échanges, pour pouvoir aborder les sujets qui intéressent le plus les Français. L'entourage du candidat a assuré pour sa part que les questions sensibles, qu'il s'agisse de l'immigration ou du pouvoir d'achat, n'ont pas été évitées. Selon une source au quartier général du président-candidat, «il a prouvé pendant le grand débat [de 2019] qu’il n’était pas du genre à esquiver la confrontation». Emmanuel Macron a cependant annoncé, à la fin de cette réunion publique, qu'il ne participerait à aucun débat avec d'autres candidats avant le premier tour, un choix qui est vivement contesté par les oppositions, qui n'ont pas manqué de réagir aux informations de France Inter.

«La propagande de Macron à Poissy», a dénoncé Samuel Lafont, chargé de la stratégie numérique d'Eric Zemmour en commentant les fiches récupérées par France Inter.

«Non seulement Emmanuel Macron refuse de débattre face aux autres candidats, mais en plus ses "débats" avec les Français sont des échanges soigneusement préparés en avance. Notre démocratie mérite de vrais débats, assez des mises en scène macronistes !», s'est insurgée Marine Le Pen pour le RN.

«Est-on surpris ?», a moqué de son côté Othman Nasrou, porte-parole de Valérie Pécresse, en affirmant que «La République En Marche, c'est en réalité la République Potemkine».

«Je viens de comprendre : si les 11 compétiteurs du candidat Emmanuel Macron veulent débattre avec lui, il leur suffit donc de s’inscrire, de bien vouloir noter la question avant, et de venir ?», a ironisé Julien Aubert, pour les Républicains également. 

L'élu du Vaucluse a mentionné dans son tweet Jean Lassalle, qui avait essayé, en vain, de participer au débat avec Emmanuel Macron. «Vive la démocratie! Il commence très fort sa campagne», avait déploré le candidat de Résistons !, dénonçant «un débat public pas si public que ça».