Eric Zemmour a adressé le 22 février un message aux élus afin d'«obtenir les 50 parrainages» qu'il lui manque afin de valider sa candidature à l'élection présidentielle. «Le temps presse. Imaginez une seconde que Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et moi-même ne puissions pas nous présenter. Imaginez l'état de notre démocratie et de notre pays», a plaidé le représentant de Reconquête! dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, soulignant que «le parrainage n'est pas un soutien».
Près de 42 000 élus, dont 34 000 maires, peuvent accorder leur parrainage. Ils ont jusqu'au 4 mars à 18h pour les transmettre au Conseil constitutionnel. Selon le relevé de l'institution le 22 février, Eric Zemmour n'en a pour l'instant enregistré que 350 sur les 500 nécessaires.
Si on n'est pas capable de convaincre 500 maires sur 42 000, alors il y a un petit problème
Les difficultés que rencontre l'ancien journaliste n'ont toutefois pas ému sa rivale à la présidentielle Anne Hidalgo, déjà qualifiée avec 1 177 signatures. «De qui se moque-t-on ?», s'est indignée le 22 février la candidate socialiste sur France Inter. «Je ne vais pas l'empêcher d'avoir ses parrainages, mais qu'on ne nous prenne pas pour les idiots du village !», s'est-elle énervée, estimant que le candidat de droite tenait «des propos antidémocratiques, négationnistes, extrêmement dangereux».
La maire de Paris rebondissait notamment sur l'appel du Premier ministre Jean Castex le jour même aux élus, les enjoignant à «apporter leurs parrainages» aux candidats à la présidentielle. Le chef du gouvernement a déclaré qu'il allait recevoir le 24 février au matin l'ensemble des associations d'élus locaux, ainsi que les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat afin «d'évoquer ensemble cette situation dans le respect de la liberté de chacun [...] parce qu'il y a un sujet profondément démocratique».
Jean Castex a au passage rappelé que seuls 10 000 élus (maires, parlementaires, conseillers généraux et régionaux) avaient donné leur signature à un candidat.
Sandrine Rousseau veut aider les candidats... sauf Zemmour et Le Pen
«Je trouve très malsain, pour le gouvernement, d'arriver à une semaine de la clôture des candidatures pour dire cela. S'il y avait un problème, ils avaient cinq ans pour l'anticiper, pour prendre des mesures», a commenté Anne Hidalgo sur France Inter. Pour la candidate, «si on n'est pas capable de convaincre 500 maires sur 42 000, alors il y a un petit problème». Le premier secrétaire du PS Olivier Faure est allé dans le sens de sa candidate ce 23 février sur LCI, ironisant sur le fait que Jean Castex «pourrait éventuellement être gêné par le fait que certains qui représentent l'assurance-vie de Macron» ne puissent pas participer à l'élection.
Soutien du candidat EELV Yannick Jadot (qui vient de se qualifier avec 565 signatures), Sandrine Rousseau a estimé le 22 février qu'il fallait «revoir ce système de parrainages qui a régi la Vème République» et «le modifier complètement, car à chaque élection, c'est un psychodrame». Mais pour la conseillère spéciale de Jadot, il s'agirait seulement «d'aider les personnes qui sont dans un cadre républicain». «Je sors Éric Zemmour du cadre républicain et Marine Le Pen de la même manière», a-t-elle ajouté sur France 2.
Des propositions de réforme de Bayrou et Larcher
Au-delà de l'actuelle présidentielle, la majorité et l'opposition ont avancé des pistes de réforme du système de parrainage, modifié en 2016 sous François Hollande avec la publication obligatoire du nom des élus qui parrainent chaque candidat.
Interrogé le 22 février lors des questions au gouvernement par une députée MoDem, Jean Castex a par exemple assuré «appuyer l'initiative» de François Bayrou de créer une «réserve de parrainages» pour les candidats qui recueillent au moins 10% d'intentions de vote mais qui peinent à récolter les 500 paraphes, en l'espèce Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon.
Par ailleurs, le président LR du Sénat Gérard Larcher a déclaré ce 23 février sur France 2 vouloir proposer à la commission des Lois du Sénat «trois voies» de réforme : «La question de l'anonymat» des élus, «le parrainage obligatoire» et «un mixte» entre le soutien de «collectifs citoyens et une part moins importantes d'élus», proposition portée par le passé par le PS et La France insoumise, a-t-il rappelé.
Actuellement outre Yannick Jadot et Anne Hidalgo, sont qualifiés la candidate LR Valérie Pécresse, qui caracole en tête avec 2 143 paraphes, et le président Emmanuel Macron – qui n'a pas encore formalisé sa candidature – avec 1 463 parrainages. Autres qualifiés : le communiste Fabien Roussel (582), le député Jean Lassalle (561) et la candidate de Lutte ouvrière (LO) Nathalie Arthaud (559).