France

Un Français yézidi ayant combattu en Syrie condamné à 12 ans de réclusion criminelle

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné ce 8 février un Français d'origine arménienne appartenant à la communauté yézidie à 12 ans de réclusion criminelle pour participation à une association de malfaiteurs terroriste.

Un Français d'origine arménienne et appartenant à la communauté yézidie a été condamné le 8 février à 12 ans de réclusion criminelle pour participation à une association de malfaiteurs terroriste par la cour d'assises spéciale de Paris. Né en Arménie alors soviétique il y a trente-trois ans, venu en France avec ses parents, réfugiés politiques, en 2002, Arthium Aloyan, comparaissait devant la cour d'assises spéciale de Paris pour participation à une association de malfaiteurs terroriste.

La cour a suivi les réquisitions de l'avocate générale qui avait réclamé une peine de 12 ans de réclusion assortie d'une période de sûreté des deux-tiers à l'encontre d'Arthium Aloyan qui, à l'été 2015, avait rejoint les rangs de la branche syrienne d'Al-Qaïda. L'accusé encourait 30 ans de réclusion.

«La cour d'assises de Paris a été convaincue de la culpabilité d'Arthium Aloyan s'agissant du crime qui lui est reproché», a souligné le président David Hill en prononçant le verdict. «Il convient de rappeler l'évidence du caractère terroriste de l'organisation Jabhat al-Nosra, affiliée à Al-Qaïda, qui a exercé une intense activité djihadiste, s'étant illustrée entre autres par la commission d'exactions et d'attentats notamment en zone irako-syrienne», a rappelé David Hill.

Al-Nosra n'est pas une organisation terroriste. Cela, c'est une vision occidentale

«Il ressort de l'enquête et des débats que, contrairement à ce qu'il a prétendu, Arthium Aloyan est parti de France avec le projet déjà arrêté de rallier la Syrie pour y rejoindre, en connaissance de cause, un groupe terroriste dont les activités criminelles étaient alors largement médiatisées», a ajouté le président de la cour d'assises.

Dans son réquisitoire, l'avocate générale avait demandé «une juste peine». «La justice c'est le glaive mais aussi la balance», avait affirmé l'avocate générale. «Mon travail n'est pas de faire en sorte que [l'accusé] prenne le maximum mais de défendre l'intérêt général», avait-elle souligné.

Condamné à 4 ans de prison et deux mois de prison en Turquie

Converti à l'islam en 2012, au grand dam de sa famille de la communauté yézidie, honnie par les islamistes, Arthium Aloyan était parti en Turquie puis en Syrie en 2015 sans en parler à ses proches, notamment à sa compagne, chrétienne, mère de leurs deux enfants nés en 2008 et 2010.

Arthium Aloyan a reconnu au cours de l'audience avoir combattu dans les rangs du Front al-Nosra, dont il a persisté à contester le caractère terroriste. «Al-Nosra n'est pas une organisation terroriste. Cela, c'est une vision occidentale», a-t-il affirmé. «Je ne pense pas que c'est un crime de combattre un tyran [le président syrien Bachar el-Assad]. Avec al-Nosra, c'était soldats contre soldats. Ils n'ont tué ni femmes ni gosses», a-t-il soutenu.

Arrêté dans la ville frontalière turque de Hatay en août 2016, Arthium Aloyan a déjà été jugé puis condamné par la justice turque à quatre ans et deux mois de prison puis expulsé vers la France en février 2019 avant d'avoir accompli la totalité de sa peine. Placé immédiatement en détention, il a été mis en examen pour «participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes».