France

«Quelques nazis», «future présidente de SOS Racisme» : feu nourri entre les camps Le Pen et Zemmour

Marine Le Pen a attaqué de front Eric Zemmour, accusé d'accueillir «quelques nazis» et de défendre une France réduite au «village d'Astérix». Gilbert Collard a répliqué, ironisant sur le fait qu'elle rejoindrait bientôt l'association antiraciste.

La rivalité entre les deux candidats de la droite radicale s'est exacerbée cette semaine, sur fond de transferts et de ralliements d'anciens membres du Rassemblement national (RN) à Reconquête!, le parti d'Eric Zemmour. Marine Le Pen a sonné la charge dans un entretien publié le 3 février par le Figaro, qualifiant le «zemmourisme » de «communautarisme». «Mon objectif n’est pas de défendre le village d’Astérix, mais de rendre leur pays aux Français», a-t-elle moqué, comparant Reconquête! à une époque révolue du RN. «Je retrouve chez Eric Zemmour toute une série de chapelles qui, dans l’histoire du Front national, sont venues puis reparties remplies de personnages sulfureux. Il y a les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis», a-t-elle énuméré, autant de clans rassemblés qui ne suffisent pas selon elle pour conférer au polémiste «une posture présidentielle».

Marine Le Pen s'est également dite «lassée du bruit et de la fureur» et a affirmé avoir «envie d’efficacité et de sérénité», n'hésitant pas à décocher quelques flèches de plus aux anciens membres du RN qui ont décidé de se rallier à la candidature d'Eric Zemmour, dont l'eurodéputé Jérôme Rivière et le député Gilbert Collard. «Ils pensent obtenir auprès d’Eric Zemmour ce qu’ils n’ont pas obtenu auprès de moi. Cela reste des aventures personnelles. Je peux d’ores et déjà vous rédiger les SMS que je recevrai d’ici quelques mois…», a-t-elle lâché auprès du quotidien.

Gilbert Collard lui a rapidement répliqué sur RTL, sur un ton tout aussi peu amène, estimant que les propos de la candidate, qui «crache de la bile», devaient être pris «avec beaucoup de compassion». «C'est tout de même extraordinaire de voir que Marine Le Pen utilise contre le mouvement Reconquête! les arguments que les bobos de gauche utilisaient contre le Rassemblement national», a-t-il déploré. «Je pense que quand il n'y aura plus personne au Rassemblement national, elle va finir présidente de SOS Racisme, c'est son destin maintenant», s'est-il moqué, après avoir pourtant assuré à la tribune du meeting d'Eric Zemmour le 22 janvier à Cannes : «Je ne dirai jamais rien contre elle.»

Eric Zemmour s'était quant à lui défendu, le 2 février sur LCI, de fréquenter les clans sulfureux décrites par la candidate du RN : «Les [...] nazis et antisémites ne me soutiennent pas, ne peuvent pas me soutenir puisque je suis de confession juive», avait-t-il affirmé. Pour Marine Le Pen, les débauchages par son rival d'élus RN, comme Gilbert Collard, visent à «tuer» le RN, car «seule la mort du RN et l'échec de Marine Le Pen peuvent lui permettre d'envisager une recomposition fantasmagorique de l'espace politique en 2027, 2032 ou 2039». Elle conteste en effet le projet d'«union des droites» porté par Eric Zemmour, y voyant de la pure «politique politicienne» et préférant faire appel «au peuple de France».

Ces échanges de piques interviennent en amont d'un duel de meetings prévu ce week-end : Marine Le Pen compte accélérer sa campagne à Reims, tandis qu'Éric Zemmour espère faire une nouvelle démonstration de force à Lille. Le candidat a prévu d'y faire un discours sur le pouvoir d'achat, un thème que Marine Le Pen lui reproche d'ignorer ou du moins de sous-estimer.