France

«Que demandent les peuples ?» : émission spéciale d'Interdit d'interdire au théâtre du Rond-Point

Retrouvez sur RT France l'émission spéciale d'«Interdit d'interdire» au théâtre du Rond-Point, le 31 janvier. Frédéric Taddeï réunit six invités de premier plan autour de la question : «Que demandent les peuples ?»

Mardi 1 février

Lundi 31 janvier

Sur le sujet des libertés, Emmanuel Todd estime que, du fait de l'assujettissement de la nation française et de ses élites à l'Europe, le renforcement de la société de contrôle est inéluctable. 

Pour Nicolas Framont, la diminution des libertés publiques est le fait des classes dominantes.

Marcel Gauchet estime, quant à lui, que la demande de sécurité est le fait de tous et répond à l'insécurité psychologique de l'ensemble de la société, toutes classes sociales confondues.

Sur le sujet de la crise des institutions, Clara Egger rappelle qu'il n'existe aucune démocratie occidentale qui n'ait pas une figure d'arbitrage. Elle se dit en faveur d'un président de la République qui ne gouverne pas et agisse comme un «arbitre».

«Si on avait un arbitre, on saurait ce qui se passe au conseil de défense sanitaire», donne-t-elle comme exemple.

«La majorité du pouvoir, c'est 13% du corps électoral», déclare Clara Egger, dénonçant «l'inégalité de pouvoir» qui caractérise la société française. C'est pour cette raison qu'elle se dit en faveur de l'institutionnalisation du référendum d'initiative citoyenne (RIC). La vertu du RIC, c'est qu'il permet de lutter contre «l'arbitraire», selon elle.

Pour Marcel Gauchet, la calcification de la scène politique française oblige à repenser la démocratie. Tout comme Clara Egger, Marcel Gauchet estime que le RIC est une bonne idée. Néanmoins, il rappelle que l'application du résultat d'un RIC restera entre les mains de la même classe politique décriée.

Emmanuel Todd estime que le vieillissement de la population est un vrai problème pour la démocratie que l'instauration d'un RIC ne saurait résoudre. Pour ce dernier, la surreprésentation des intérêts des retraités paralysent toute tentative de réforme radicale. 

Nicolas Framont tient à rappeler que les élites ont toujours défendu leurs intérêts et que seul la lutte peut les faire plier. Pour ce dernier, le rapport entre le peuple et les élites a toujours été un rapport de «force». De ce fait, s'il dit soutenir le concept du RIC, il estime que les élites feront tout pour bloquer son application.

Pour François Bousquet, les excès de langage tels que l'appel constant aux valeurs de la République sont le reflet d'un vide intellectuel. Pour ce dernier, l'appel récurrent aux valeurs de la République ressemble de plus en plus «à une incantation creuse».

Pour Aurélie Gros, ces excès de langage sont plutôt le reflet d'un «manque de courage politique».

Emmanuel Todd estime que les élites ont elles-mêmes succombé à une forme de populisme qui leur est propre. Ces élites qui sont soumises à l'Amérique ou l'Allemagne, n'arrivent plus à élever le débat. 

Pour Marcel Gauchet, les élites ne savent plus quel est «leur rôle» dans la société.

Emmanuel Todd a rebondi en affirmant que si ces élites ne savent plus diriger, c'est qu'il n'y a plus rien à diriger du fait de l'absorption progressive de l'Etat-Nation français dans l'UE.

«Le peuple est-il plus lucide que les élites?», se demande Frédéric Taddeï. 

Pour Marcel Gauchet, il n'y a plus de discussion possible entre le haut et le bas de la pyramide sociale. Pour ce dernier, certes le peuple «n'a pas la connaissance», mais les élites ne savent plus écouter. 

Emmanuel Todd estime que le peuple a gardé un «moment de lucidité», alors que la strate supérieure s'est elle-même «crétinisée». Pour ce dernier, le niveau intellectuel du peuple, comme celui des élites, est à la baisse.

Aurélie Gros, quant à elle, croit à «l'intelligence collective». Pour cette dernière, la crise du Covid a révélé les capacités créatives du peuple.

François Bousquet met en avant la fracture entre les cultures des centres urbains et celle de la France périphérique. Pour ce dernier, il faut se poser la question de savoir comment réconcilier ces deux France.

Emmanuel Todd tient à nuancer la fracture entre populisme et élitisme qui n'est selon lui plus «pertinente».  Pour ce dernier, Emmanuel Macron incarne aujourd'hui «le parti de la peur et de l'ordre» qui transcende les classes sociales.

Pour François Bousquet, la France périphérique se sent abandonnée, victime d'un déclassement. Tous les pays de l'OCDE connaissent une fracture entre les gens enracinés dans un territoire et les internationalistes. Pour ce dernier, la France déclassée constitue le terreau du populisme.

Aurélie Gros estime qu'il existe une question de la représentation du peuple au sein des institutions. «Les mêmes couches sociales se reproduisent et se représentent», a-t-elle déclaré. Pour cette dernière, beaucoup de Français considèrent que les élites politiques nationales sont illégitimes.

A la question de savoir ce que les Français ont aujourd'hui en commun, Marcel Gauchet est d'avis que les Français ont plus en commun qu'ils ne le croient. «Nous avons une culture commune implicite», a-t-il déclaré. 

Emmanuel Todd a rebondi en affirmant que la France «n'a jamais été aussi homogène». Le pays est à la fois «anarchique» tout en étant capable de faire preuve d'«une vraie discipline».

Aurélie Gros et François Bousquet, quant à eux, estiment que la France de 2022 est toujours la France. Pour ce dernier, le mouvement des Gilets Jaunes a démontré la prévalence d'attributs culturels propres aux Français. François Bousquet affirme ainsi que dans la France périphérique, perdure une «culture autochtone».

«Que demandent les peuples ?» C'est à cette question que tenteront de répondre les invités du numéro exceptionnel d'«Interdit d'interdire», le 31 janvier à 20h au théâtre du Rond-Point. L'émission, en public et en direct, ouvrira la cinquième édition du festival Nos disques sont rayés.

Si vous ne pouvez vous déplacer mais ne souhaitez pas en rater une miette, trois possibilités : 

- Sur la page dédiée du site de RT France

- Sur notre chaîne Youtube

- Sur notre page Facebook

Et des raisons de vous y connecter, il y en a !
Car Frédéric Taddeï réunira à cette occasion Emmanuel Todd, docteur en histoire de l’université de Cambridge, Marcel Gauchet, philosophe et historien, Aurélie Gros, présidente du mouvement de La France vraiment, Clara Egger, enseignante-chercheuse en sciences politiques et spécialiste de l'humanitaire, Nicolas Framont, qui a enseigné la sociologie à l'Université Paris-Sorbonne et codirige le trimestriel de réflexion politique Frustration et François Bousquet, journaliste, essayiste et éditeur.

Les places pour assister à l’émission Interdit d’interdire avec Frédéric Taddeï, le 31 janvier à 20h00, salle Renaud-Barraud, sont en vente ici.