France

Non-vaccinés : un médecin pose la question du «tri des patients à admettre en réanimation»

Dans une tribune, un professeur émérite à l'hôpital Pitié-Salpêtrière se demande si les personnes non vaccinées contre le Covid-19 ne devraient pas «assumer en cohérence [leur] libre choix de ne pas se faire réanimer».

Dans une tribune publiée le 1er janvier dans le Journal du dimanche, un professeur émérite au CHU Pitié-Salpêtrière de Paris s'interroge sur le tri entre les patients en réanimation qui incombe aux soignants, compte tenu du nombre de places limité dans des unités de soins et «de la cinquième vague en cours et la sixième vague annoncée» de Covid-19.

[Les soignants] râlent contre les personnes informées ayant choisi délibérément de ne pas se faire vacciner

André Grimaldi commence par affirmer que «la colère de nombre de soignants a deux cibles, les gouvernants et les non-vaccinés». «Ils reprochent au gouvernement de ne pas s'être donné les moyens [...] de garder le personnel hospitalier et d'accroître le nombre de lits de réanimation et de soins de suite post-réanimation. Et ils râlent contre les personnes informées ayant choisi délibérément de ne pas se faire vacciner», précise-t-il.

Le médecin évoque ensuite le «vrai-faux problème» des 500 000 personnes de plus de 80 ans non vaccinées, car si elles développent une forme grave du Covid-19, elles ne pourront selon lui pas bénéficier «d'une réanimation qui relèverait pour la plupart d'entre elles d'un acharnement thérapeutique déraisonnable».

Des «directives anticipées» pour des non-vaccinés qui doivent «assumer en cohérence» de ne pas être réanimés ? 

Pour les autres patients, André Grimaldi rappelle que le serment d'Hippocrate interdit aux soignants de prendre des décisions en fonction de jugements moraux, «mais ce rappel éthique ne gomme pas la question du tri quand il n'y a qu'un lit pour deux patients relevant tous deux de la réanimation», estime le médecin.

Il serait bon de conseiller systématiquement à toute personne adulte refusant de se faire vacciner de rédiger des directives anticipées pour dire si elle souhaite ou non être réanimée en cas de forme grave de Covid

«Auquel donner la priorité ?», s'interroge-t-il, avant de citer des réanimateurs «accueillant chaque jour des patients arrivant dans un état de détresse regrettant amèrement leur décision inconsciente de ne pas se faire vacciner». «Il serait bon de conseiller systématiquement à toute personne adulte refusant de se faire vacciner de rédiger des directives anticipées pour dire si elle souhaite ou non être réanimée en cas de forme grave de Covid», juge alors André Grimaldi, qui conclut son propos par cette question : «Une personne revendiquant le libre choix de ne pas se faire vacciner ne devrait-elle pas assumer en cohérence son libre choix de ne pas se faire réanimer ?»

De son côté, le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans une interview au Journal du Dimanche mise en ligne le 1er janvier, a été interrogé sur la possibilité, ou non, de privilégier les non-vaccinés «au détriment de personnes qui attendent une opération pour leur cancer». Il a fait savoir : «Aucun médecin ne se demande s'il devrait laisser sur le parking un patient en danger de mort qui doit entrer en réanimation, qu'il soit vacciné ou non. Je le rappelle : les reports de soins n'incluent pas les chirurgies et traitements d'urgence. Mais, c'est une réalité, le report de certains soins peut avoir un impact à long terme sur la santé de ces Français.»