La mairie de Compiègne, anticipant des violences urbaines pour la nuit du Nouvel An, a décidé le 27 décembre d'instaurer un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés. La mesure est applicable du 31 décembre à 22h jusqu’au 1er janvier à 6h du matin.
Dans un communiqué, le maire Les Républicains de la commune, Philippe Marini, justifie la mesure en invoquant les violences survenues au cours de l'année et le contexte sanitaire : «Depuis le 1er janvier dernier, la Ville de Compiègne a été le théâtre de 62 violences urbaines, dont 11 depuis le 1er novembre. Au cours du dernier mois, trois policiers ont été blessés et depuis le début de l’année, plus de 36 kilos de drogues ont été saisis. Des mineurs sont particulièrement impliqués dans des troubles à l’ordre public et le contexte sanitaire actuel incite à limiter les rassemblements sur la voie publique.»
La mesure suscite des réactions contrastées, rapporte Le Parisien : l’opposition a contesté une décision «choquante» et «stigmatisante», s'étonnant que le texte ne concerne que certains quartiers. «S’il y a un problème avec la jeunesse, ce n’est pas par la force que ça va se régler, mais par la médiation dans les quartiers», a ainsi déclaré Daniel Leca, élu d'opposition (UDI).
Du côté des forces de l'ordre, l'initiative semble appréciée, le commissaire Pierryck Boulet ayant jugé que la mesure pourrait «dissuader» certains fauteurs de troubles, et précisé qu'elle n'ajouterait «pas plus de travail» aux policiers.
Parmi les habitants interrogés par le quotidien, certains saluent un «tour de vis» bienvenu, tandis que d’autres craignent que le couvre-feu n'«ajoute de l’huile sur le feu». Un habitant estime à ce titre que cette mesure, appliquée seulement dans certains quartiers de la ville, est discriminatoire.
Lors de la conférence du 27 décembre, le Premier ministre Jean Castex a confirmé l'absence de couvre-feu à l'échelle nationale pour la soirée du 31 décembre, alors que la France connaît un nombre très important de contaminations quotidiennes au Covid-19. La situation est donc différente de celle du réveillon de 2020, pendant lequel les Français devaient respecter un couvre-feu de 20h à 6h.