L'adoption le 5 novembre, par une majorité de députés français, du projet de loi gouvernemental «vigilance sanitaire», qui permet notamment le recours au pass sanitaire jusqu'au 31 juillet 2022, a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, y compris parmi les parlementaires ayant participé au vote dans la matinée.
«Ça y est, la majorité s'est couchée», «racolage forcené»...
«Pause, suspension de séance, racolage forcené et à peine 118 voix pour le pass sanitaire», a par exemple écrit Jean-Luc Mélenchon, dont le groupe politique a proposé, en vain, une motion de rejet contre le projet de loi en question.
«Les macronistes ont voté les pleins pouvoirs au gouvernement pour prolonger le Pass sanitaire pendant 8 mois et demi. Liberticide, autoritaire, antidémocratique. Nous saisirons le Conseil constitutionnel dès cet après-midi contre cet énième coup de boutoir à notre démocratie !», a estimé sa camarade insoumise Mathilde Panot, après sa virulente intervention contre le projet de loi devant l'Hémicycle.
«Ça y est, la majorité s'est couchée [en votant] un texte scélérat qui va priver les Français de liberté jusqu'à fin juillet 2022», a pour sa part considéré le député de l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan en se filmant depuis l'Assemblée. «Honte à cette majorité qui abdique encore les pleins pouvoirs à un Gouvernement incapable, qui sabote l’hôpital et impose une discrimination entre citoyens sans utilité sanitaire… Un homme seul pourra décider de balayer vos libertés pendant neuf mois supplémentaires», a-t-il écrit sur Twitter.
«Une fois de plus la majorité débranche le Parlement. Le gouvernement doit se désintoxiquer de ces mesures de contrôle et surveillance généralisée du quotidien à discrétion. Faisons face ensemble à la pandémie», a encore commenté le député des Bouches-du-Rhône Pierre Dharréville, du groupe de la gauche démocrate et républicaine.
La majorité dénonce des «postures électoralistes» au sein l'opposition
«Face au potentiel rebond épidémique, il n’y pas de place pour les postures électoralistes. Pour respecter les efforts consentis jusque là, et protéger les Français, la majorité parlementaire a adopté définitivement le projet de loi», a en revanche estimé la députée LREM du Gard, Françoise Dumas.
Un plébiscite de ce vote partagé, sans surprise, par le gouvernement. Le Premier ministre Jean Castex, en déplacement à Montpellier, a ainsi salué un texte qui «donne les armes pour continuer à combattre cette épidémie [de Covid-19] dans les prochains mois». «On n'est pas sorti de l'épidémie, ni en France ni ailleurs, l'heure n'est pas venue de baisser la garde», a-t-il ajouté, appelant à la «mobilisation générale autour de la vaccination» et promettant une réponse imminente concernant le fait de conditionner le pass sanitaire à une troisième dose de vaccin.
«Le Parlement, en responsabilité, a adopté définitivement le projet de loi vigilance sanitaire. Quoi que l’épidémie nous réserve, la France aura les moyens de réagir et de protéger nos concitoyens», a de son côté réagi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
En vigueur jusqu'au 15 novembre, le pass sanitaire – test Covid négatif, attestation de vaccination complète ou certificat de rétablissement – peut désormais être requis jusqu'au 31 juillet 2022, le gouvernement pouvant décider de l'arrêter plus tôt en cas d'évolution favorable de l'épidémie. L'exécutif écarte cette hypothèse à ce stade, alors que l'épidémie de coronavirus montre depuis plusieurs jours des signes de reprise, malgré une population vaccinée à plus de 75%.