En juin dernier, un blogueur tchétchène a diffusé sur les réseaux sociaux un entretien de près d’une heure et demie avec Abouyezid Anzorov, le père d’Abdoullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty.
Le Figaro fournit une traduction des propos échangés dans cette interview réalisée en Tchétchène. Abouyezid Anzorov y explique que son fils a pris connaissance début octobre 2020 d’une vidéo «envoyée par un imam d’une mosquée locale» dans laquelle celui-ci évoquait «apparemment les essais infructueux des musulmans pour s’opposer, par des méthodes légales, aux images offensantes pour les croyants». Il pourrait s'agir de la vidéo diffusée par Abdelhakim Sefrioui, dans laquelle cet individu qui se revendiquait membre d’un «conseil des imams de France» tenait les propos suivants : «Ça fait cinq-six ans que des enfants de 12-13 ans, des musulmans, sont choqués, sont agressés, sont humiliés devant leurs camarades.»
Abouyezid Anzorov poursuit en décrivant la réaction de son fils : «Abdoullakh a reçu cette vidéo, il n’a pas supporté et a couru dans la cuisine pour en parler à sa mère. Sa mère a maudit ceux qui dessinent des caricatures et a répondu que cela ne dépendait pas de nous, que notre affaire c’est de prier.» Abouyezid Anzorov évoque alors un «bon fils pour ses parents» qui a «adhéré aux traditions et au comportement tchétchènes». «Il n’y avait aucun fanatisme en lui [...] Je l’ai élevé ainsi: tu dois plus aimer Allah que tes parents», précise-t-il.
Il est parti en défendant l’honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde
Le père du terroriste affirme ensuite que son fils n’a pas «agi spontanément». Abouyezid Anzorov tient à ajouter qu'il n'aurait lui-même pas eu «le courage, la force de décider ce meurtre» et que, s’il avait eu connaissance des projets de son fils, il l’en aurait empêché. Mais l'homme dont la famille résidait à Evreux (Eure) au moment des faits ne condamne pas l'assassinant commis par son fils, bien au contraire : il estime en effet que celui-ci «a remboursé la dette de tous les musulmans» et se dit «content de lui» car «il est parti en défendant l’honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde».
Comme l'indique Le Figaro, on peut également trouver à côté de cet entretien une vidéo de 44 secondes avec, sur fond de chants religieux islamiques et d'incantations, une photo d'Abdoullakh Anzorov accompagnée de ce texte : «Qu’Allah récompense ce héros tchétchène. Il nous a délivrés du péché [de l’inaction]».
Agé de 18 ans au moment des faits, Abdoullakh Anzorov a été abattu par des policiers qui cherchaient à le neutraliser après qu'il a décapité Samuel Paty le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Depuis lors, sa famille aurait quitté la France.