Dans une tribune publiée le 23 octobre sur la plateforme blog de l'éditeur de presse en ligne Mediapart, plus de 150 journalistes signataires se disant «contre la haine», invitent à «combattre» ou «invisibiliser» les «personnes prônant des idées fascistes, racistes, xénophobes, sexistes, homophobes et négationnistes» durant la campagne présidentielle.
Dans ce texte rédigé en écriture inclusive, ils affirment : «En ces temps de campagne présidentielle qui véhiculent toujours plus d’idées nauséabondes et contraires au respect des droits humains, nous, journalistes socialement engagé-es pour la défense de ces droits fondamentaux, nous désolidarisons des grand-es patron-nes de médias, directeurs et directrices de rédaction, animateurs et animatrices, chroniqueur-ses, confrères et consœurs qui tendent avec jubilation micros et caméras à des personnalités publiques vomissant leur haine de l’autre. Personnalités dont l’une a déjà été condamnée par la justice pour provocation à la haine raciale.»
En ligne, creuse, c'est principalement Eric Zemmour qui est visé par la tribune, sans jamais qu'il ne soit cité. «La haine, c'est mal : sacré programme», ironise le magazine Marianne en réponse à cette tribune, et de s'en moquer : «Pour les signataires de la tribune, Eric Zemmour n'est rien d'autre qu'un pur produit médiatique, il ne représente rien ni personne et sa fulgurante ascension n'est à mettre sur le compte que des rédactions, des télévisions, qui ont créé le monstre. Fastoche ! Pour faire court : les Français sont trop cons. Ils allument la télé et votent pour le premier type qui déblatère des idées radicales. Coupez-leur la télé, à ces mauvais citoyens, et ils s'empresseront de voter pour Anne Hidalgo.»
Surtout, le journal de gauche déplore que les journalistes signataires de cette tribune revendiquent leur stratégie d'«invisibilisation» de l'ennemi politique plutôt de chercher à comprendre le vote Zemmour, ainsi que Marianne a justement tenté de le faire au mois d'octobre.
L'auteur de l'article lance ainsi à l'encontre des signataires de la tribune : «Dans cette dichotomie d'un manichéisme caricatural, on cherche encore la place des journalistes qui travaillent, sincèrement soucieux de comprendre ce qui se passe dans le pays. Qui font leur métier, en somme, sans chercher à pré-sélectionner les candidats valables. Et selon les critères de qui ?»