France

«Grande manip» : Ouest-France s'abstiendra de réaliser des sondages pour la présidentielle de 2022

Le rédacteur en chef de Ouest-France l'affirme : son journal ne réalisera aucun sondage pour la présidentielle et évitera de commenter ceux des autres. Dans un éditorial, François-Xavier Lefranc déplore la «fragilité» du système politique.

«Ouest-France ne participera pas à la grande manip, ne réalisera aucun sondage politique avant la présidentielle et évitera de perdre du temps à commenter ceux des autres». C'est le message sans appel publié par François-Xavier Lefranc sur son compte Twitter. Dans son édito du 23 octobre, le rédacteur en chef de Ouest-France explique la démarche : «A chaque élection, on veut connaître le résultat avant même que les Français aient voté. Cette année où l’on est allé jusqu’à imaginer convoquer les sondeurs pour désigner les candidats, on atteint des sommets.»

Pour le journaliste, le phénomène des sondages domine la campagne présidentielle et «détourne les personnalités politiques et les médias de l’essentiel : la rencontre avec les citoyens, l’échange approfondi, le débat d’idées, l’écoute de ce que vivent les gens au quotidien, de leurs inquiétudes, de leurs espoirs». De fait, la rédaction de Ouest-France se consacrera, elle, exclusivement au reportage et à l'enquête, «au plus près de celles et ceux qui ont des choses à dire», explique-t-il.

De son point de vue, «l’obsession sondagière empêche les uns et les autres d’écouter la diversité du pays, de ses habitants, de ses territoires. Elle nous berce d’illusions et nous aveugle».

Pour François-Xavier Lefranc, la domination des sondages dans le débat public à la veille des échéances électorales met en évidence «l’extrême fragilité de notre système politique». «Les partis sont affaiblis et n’ont plus beaucoup de militants. Les familles politiques traditionnelles semblent à court d’idées pour répondre aux défis, colossaux, d’aujourd’hui. La progression inquiétante de l’abstention témoigne de la sévérité avec laquelle la politique est jugée par les citoyens», analyse-t-il. Pourtant, note-t-il, «la multiplication des discours populistes, haineux et extrémistes devrait [...] nous tenir éveillés».

En 2020, Ouest-France était le troisième journal le plus lu en France, toute presse confondue, avec 23 millions de lecteurs mensuels.