Le Sénat, à majorité de droite, a rejeté ce 13 octobre une proposition de loi visant à instaurer la vaccination obligatoire pour tous contre le Covid-19, défendue par le groupe socialiste qui s'est retrouvé isolé sur cette position.
Les parlementaires socialistes prônent depuis l'été «l'obligation progressive d'une vaccination universelle» contre le virus. Le texte, examiné en première lecture dans le cadre d'une «niche» parlementaire du groupe, entendait compléter l'article du Code de la santé publique relatif à l'obligation des vaccinations antidiphtérique et antitétanique pour y ajouter la vaccination contre le Covid-19.
Le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner a défendu le choix de la «clarté» et de la «transparence», estimant qu'avec le pass sanitaire, le gouvernement a «exigé des Français une obligation de vaccination indirecte».
«Il nous manque environ 9 millions de personnes à immuniser» pour atteindre l'immunité collective, «et ce n'est pas le pass sanitaire, dont les effets s’essoufflent considérablement, qui nous permettra d'y parvenir», a abondé le rapporteur PS Bernard Jomier, alors que la prolongation de ce pass sanitaire avait été entérinée quelques heures auparavant en Conseil des ministres.
Passe d'armes entre sénateurs LR sur la nature des vaccins anti-Covid
Démarré dans le calme, le débat s'est soudainement enflammé lorsque la sénatrice Les Républicains (LR) Sylviane Noël a affirmé que «rendre obligatoire l’administration de vaccins génétiques dont la phase expérimentale est toujours en cours, est politiquement imprudente et moralement condamnable».
La question de la vaccination ne se pose pas
«Je ne peux pas laisser passer le sous-entendu sur le caractère expérimental et incontrôlé de ces vaccins», a réagi le secrétaire d'Etat Adrien Taquet, tandis que Bernard Jomier dénonçait un argumentaire relayé par les «antivax». «Aujourd'hui j'ai honte», a déclaré Alain Milon (LR), jugeant «complètement inadmissibles» les propos «anti-vaccins» tenus par Sylviane Noël. «Je suis révulsé», a renchéri René-Paul Savary (LR), pour qui «la question de la vaccination ne se pose pas».
L'exécutif, qui a écarté la vaccination obligatoire en population générale, a fait du pass sanitaire un pivot de sa stratégie anti-Covid. Depuis mi-septembre, la vaccination est toutefois obligatoire pour 2,7 millions de professionnels de santé. «Je pense sincèrement que si nous avions fait le choix au mois de juillet d'une obligation vaccinale généralisée, nous aurions aujourd'hui les mêmes taux de couverture vaccinale, parce que les difficultés auraient été les mêmes pour toucher les plus éloignés», a affirmé la centriste Nadia Sollogoub, la majorité des autres orateurs défendant aussi à ce stade, à l'instar du ministre, «l'incitation plutôt que l'obligation».