Une plaisanterie de mauvais goût a permis le 9 octobre à l'humoriste Gaétan Matis d'atteindre une notoriété inédite. Dans un message sur Instagram, il a ainsi écrit : «Si j'avais une machine à voyager dans le temps, je bookerai le Bataclan pour la soirée du 13 novembre 2015 afin d'y organiser une soirée rencontre entre Eric Zemmour et son public» – soit le soir des attentats djihadistes meurtriers qui ont notamment frappé la salle de spectacle parisienne. Cette punchline a été dénoncée par le compte Twitter officiel d'Eric Zemmour, celui-ci qualifiant Gaétan Matis d'ami de l'humoriste controversé Yassine Belattar et l'accusant de «souhaite[r] le massacre par des djihadistes de tous ceux qui soutiennent» le journaliste de droite.
Le message initial de Gaétan Matis a depuis été supprimé de ses comptes. Les proches d'Eric Zemmour se sont évidemment scandalisés de cet humour déplacé, comme le président de Génération Z, Stanislas Rigault : «Imaginez si un humoriste disait la même chose sur un homme ou une femme de gauche ?»
L'eurodéputé du Rassemblement national Gilbert Collard en appelle au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et au ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti : «Humoriste de l'horreur, souhaiterait "voyager dans le temps" et organiser au Bataclan "une soirée rencontre entre Zemmour et son public" : il faut une condamnation exemplaire de cet appel au massacre !»
La députée Les Républicains Constance Le Grip a qualifié ces mots de «honte».
Certains à gauche, comme le président de Demain souverain, Paul Melun, ont aussi critiqué Gaétan Matis. Mais «soyez sans crainte», ironise-t-il, «on le retrouvera bientôt dans une chronique "humoristique" sur France inter».
La journaliste de Cnews Sonia Mabrouk a estimé que le message de Gaétan Matis n'était «pas un appel à la haine mais un appel à un massacre». «Ça soulève le cœur et ça doit soulever l’indignation générale et plus encore», ajoute-t-elle.
Gaétan Matis se produit actuellement dans la salle du Point Virgule. Son propriétaire, Jean-Marc Dumontet, a lui aussi condamné les propos de l'humoriste pour «son appel à la violence», qualifié d'«insupportable dans une démocratie».
Gaëtan Matis a réagi à la polémique dans une publication sur son compte Instagram introduit par la présentation d'excuses «aux victimes des attentats et [à] leurs familles». Il poursuit ensuite : «Mais je rassure tous ceux qui font monter la sauce : je ne souhaite la mort de personne, et je ne lancerai aucun appel à la violence contre quiconque. Je ne connais pas personnellement de djihadiste, et je n'ai pas de machine à voyager dans le temps. Donc il n'y a pas lieu de faire une polémique.»
L'humoriste assure en outre que «cette blague [n'est] absolument pas un propos politique. Et n'a pas lieu d'être prise comme tel». Il conclut en faisant ironiquement «de gros bisous sur le front d'Eric Zemmour en espérant calmer son âme offensée».