Le Grand Orient de France, les francs-maçons, les obédiences… Chaque intervention d’un cadre des loges maçonniques fait réagir. Quand elle concerne le FN, ayant le vent en poupe dans les sondages, elle devient une poudrière, un vaste terrain explosif.
Dans le dernier JDD, Daniel Keller, patron de la la première obédience maçonnique d’Europe, a mis en garde contre un «Front national qui est l’expression d’un bloc qui, finalement, n’a jamais admis la Révolution française, n’a jamais admis la République et dont les racines philosophiques, intellectuelles et politiques sont authentiquement réactionnaires.»
Daniel Keller se place en défenseur de Marianne, pour lui «la République reste un combat". "Ce n’est pas un régime acquis définitivement. Si tout le monde baisse les bras, je le dis : la République est en danger.» Le maître du Grand Orient appelle même les «150 000 à 170 000 maçons de France» à se mobiliser pour faire barrage au FN.
Des maçons qui, selon lui, ont pour rôle de «réapprendre aux gens à se parler, retisser du lien». «Le rôle des maçons c’est d’être les pédagogues de la République, et de rappeler que la République, ce n’est pas le populisme», déclare-t-il.
Les francs-maçons inquiets pour 2017
«On est en train de dérouler le tapis rouge au Front national. Ce qui paraissait impossible devient chaque jour un peu plus vraisemblable s'agissant de la présidentielle de 2017.» Par ces mots, Daniel Keller résume le sentiment de peur grandissant qui touche sa communauté. Il semble d’ailleurs craindre que la France «soit à la veille d'une explosion sociale».
Concernant les élections régionales, Daniel Keller milite pour le front républicain : «Le désistement républicain est, selon moi, le minimum à faire. Il faut éviter au maximum des triangulaires au second tour des régionales. Le désistement, ce n'est pas une magouille. C'est accepter de sacrifier ses propres couleurs pour l'intérêt général.»
Le leader du Grand Orient de France a également un avis sur la crise des migrants. Pour lui, Ils sont «une chance pour l’Europe».
Florian Philippot contre-attaque
A la lecture des propos de Daniel Keller, le sang du numéro deux du FN n’a fait qu’un tour. Florian Philippot critique une volonté de jouer «sur les peurs» et se montre très… très offensif : «Ces gens là ne se sentent-ils pas ridicules, au bout d'un moment ? La République est en danger. Ecoutez, ils nous ont fait le même coup aux municipales de 2014 en nous expliquant que si le Front national remportait des villes, la République était en danger, que ces villes allaient être noyées sous les sauterelles et que le soleil allait s'arrêter de briller.»
Florian Philippot accuse Daniel Keller de se soustraire du débat, de «refuser la démocratie, de terroriser les gens». Il en profite pour mettre un tacle au leader franc-maçon qui userait d’une méthode «qui ne fonctionne plus parce que les gens n’y croient plus».
Jean-Marie Le Pen aussi
Le patriarche en a profité pour y mettre son grain de sel. Et attaquer, à nouveau, la stratégie de dédiabolisation entreprise par sa fille : «Les propos de Daniel Keller devraient pousser la direction du FN à méditer sur la vacuité de son rêve de dédiabolisation. Ceux qui pensaient que la mise à l'écart de Jean-Marie Le Pen pouvait séduire des milieux qui lui sont structurellement et philosophiquement hostiles reçoivent aujourd'hui un méprisant démenti.»
En tête des sondages dans plusieurs régions, au centre d’un feuilleton politico-médiatico-judiciaire qui n’en fini plus, le FN est sur tous les fronts.