France

«Inclusivité» et «bienveillance» ? Une soirée techno queer dans un camp de migrants suscite un tollé

L'organisation d'une fête «techno queer» dans un lieu abritant des migrants à Vitry-sur-Seine, a tourné court après l'intervention de la police. Fustigés sur la toile pour avoir choisi cet endroit, les organisateurs tentent de se justifier.

«On nous accuse précisément de l’inverse de ce pourquoi nous nous engageons et avons choisi ce lieu : tolérance, solidarité, inclusivité, bienveillance» : dans un communiqué publié le 6 septembre sur Facebook, Clément et Victor, organisateurs pour le collectif «La toilette», se disent à la fois «effondrés» et «choqués» par la tournure qu'ont pris les événements après la «soirée techno queer» qu'ils ont organisée à Vitry, dans un «lieu abritant des migrants», le week-end des 4 et 5 septembre.

Dans le texte qu'ils ont publié sur le réseau social, les deux hommes déplorent l'avalanche d'hostilité dont ils font l'objet depuis ce récent événement qui a rapidement tourné au fiasco, ainsi que l'a relaté le magazine Tsugi. «Stupeur générale, [les participants à l’événement] réalisent rapidement qu’il s’agit d’un camp de réfugiés et les premiers messages commencent à apparaître sur les réseaux sociaux», a par exemple décrit le mensuel français selon lequel la police a plus tard procédé à une interruption de la soirée.

«Ce qui s’est passé est indigne»

De nombreuses personnes ont vertement critiqué sur les réseaux sociaux les conditions de réalisation d'un tel événement, en premier lieu le disc-jockey Nymed DJ, qui explique avoir été «booké pour la soirée». «Non vous ne rêvez pas, il s’agit bien d’une petite fille en plein milieu», a-t-il commenté, vidéo à l'appui publiée sur Instagram. «Tout ce qui s’est passé est indigne : les gens ayant pris leurs billets c’est une chose, mais que l’on saccage un espace si précieux et déjà si précaire est inadmissible», a par ailleurs déploré l'artiste.

Outre le vent de colère qui a traversé la scène techno au sujet de l'événement, le maire adjoint de Paris Frédéric Hocquard, en charge du tourisme et de la vie nocturne, a également réagi à l'affaire. Il a expliqué avoir initialement été sollicité afin de faire de la publicité pour cet événement. Repartageant la mauvaise expérience d'une participante, le président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture a dénoncé «un vrai scandale». 

Une contrepartie financière exigée 

Dans un communiqué publié en début de semaine, les deux organisateurs de «La toilette» expliquent avoir établi un contact préalable avec «le gérant ainsi que trois délégués du lieu abritant des migrants».

«Ils nous ont expliqué que depuis la crise sanitaire leur situation était de plus en plus difficile, qu’ils ne pouvaient plus travailler et que la proposition de contrepartie financière suggérée par le gérant les aiderait énormément. [...] Ils nous ont dit qu’ils aimaient la fête, que certains des habitants seraient ravis de venir danser avec nous et que ça leur faisait sincèrement plaisir de nous accueillir. Cette rencontre nous a vraiment touchés, l’idée que l’énergie générée par cette fête pourrait les soutenir et améliorer leur situation nous a convaincus de choisir ce lieu», écrivent-ils.