France

Pour Jordan Bardella, la théorie du «grand remplacement» pointe «une réalité»

Tout en prenant ses distances avec l'expression, le vice-président du Rassemblement national a estimé le 29 août que la théorie controversée du «grand remplacement» développée par Renaud Camus reflétait «un basculement démographique» en France.

Le numéro deux du Rassemblement national, Jordan Bardella, a estimé le 29 août que le «grand remplacement», théorie controversée élaborée par Renaud Camus, pointait «une réalité». Généralement dénoncée comme conspirationniste et raciste par ses détracteurs, cette théorie affirme que la population française et européenne serait progressivement remplacée par une population immigrée extra-européenne. Certains partisans de cette thèse associent le «grand remplacement» à un projet élaboré par les dirigeants politiques et/ou économiques. 

Oui, il y a un basculement démographique qui pourrait faire craindre que la France change de visage dans quelques années et c’est déjà en train d’arriver

«Je n’aime pas ce mot de "grand remplacement" parce qu'il n’est pas clair, c’est un slogan très intellectuel, mais il pointe une réalité qui est juste. Allez vous balader dans tous les quartiers où j’ai grandi, en Seine-Saint-Denis», a déclaré sur BFMTV l'eurodéputé, qui doit assumer prochainement la présidence du RN pendant la campagne présidentielle de Marine Le Pen.

«Oui, il y a un basculement démographique qui pourrait faire craindre que la France change de visage dans quelques années et c’est déjà en train d’arriver», a-t-il insisté.

Interrogée par le JDD en 2014 sur cette théorie, Marine Le Pen avait de son côté dénoncé une «vision complotiste» sur l'immigration, jugeant que le «concept de grand remplacement suppos[ait] un plan établi». «Je pense de manière plus pragmatique que l'immigration est utilisée depuis trente ans par les grands milieux financiers pour peser à la baisse sur les salaires, avec une grande efficacité si j'en crois les derniers chiffres. Parallèlement, les politiques se constituent un réservoir électoral qu'ils ont perdu chez les ouvriers», avait-elle tenu à ajouter.

Alors qu'on lui demandait si la notion de «visage» faisait référence à la couleur de peau, Jordan Bardella a répondu ce 29 août qu'il «parlait de culture, de l'importation sur notre sol d’une civilisation avec qui nous ne partageons rien».

«J’ai un problème avec les gens qui viennent aujourd'hui dans notre pays pour le changer, pour en changer la langue, pour en changer la culture, pour imposer le burkini sur les plages, pour imposer le voile à des fillettes de 5, 6, 10 ans, pour imposer des horaires séparés dans les piscines, pour imposer des régimes confessionnels dans les cantines», a développé le responsable du RN.

Au sujet des Afghans qui fuient leur pays depuis la prise de pouvoir des Taliban, il a réitéré son opposition à leur accueil en France, en avançant qu'une «grande partie du peuple afghan souhaite vivre sous le régime et sous la loi islamiques, sous le règne de la charia». A ce titre, il a suggéré que les demandes d’asile soient traitées «dans des pays tiers» et préconisé pour les réfugiés afghans la mise en place de «camps sécurisés dans les pays frontaliers».

Jordan Bardella a par ailleurs à nouveau promis «un moratoire» sur l'immigration et la fermeture des «pompes aspirantes» que sont à ses yeux «les soins gratuits pour les clandestins», ou la régularisation des étrangers en situation irrégulière «au motif qu’ils ont un contrat de travail».